Bongo père est passé, Bongo fils est venu emprunter le même chemin. Les tenants d’un nouvel ordre international démocratique ferment les yeux ou détournent la tête, dénonce Mengue M'Eyaà, et la répression peut se dérouler sans coup férir à l’endroit d ‘une opposition soucieuse de la régularité des prochaines élections législatives.
Pendant que la France fait respecter la « légalité démocratique et constitutionnelle » dans sa colonie de Côte d’Ivoire, le Gabon est bloqué.
André Mba Obame est « puni » d’être le vainqueur de l’élection présidentielle. Une procédure laborieuse de déchéance de son immunité parlementaire est menée par le parti-Etat. Il est empêché de sortie du territoire. Evidemment, ces décisions sont une fois encore totalement illégales, mais la « communauté internationale » est actuellement aux abonnées absentes, en Libye ou en Côte d’Ivoire.
Le Mouvement Civique du Gabon serait curieux de connaître la réaction de Ban Ki Moon
Le putschiste a le champ libre pour réprimer, interdire, et mettre de côté pour lui et son clan. Les écoles et les hôpitaux s’enfoncent dans une insolente misère, tandis que «Bongo II» ridiculise le Gabon dans le monde entier avec la chansonnette de « l’émergence » qu’il est sans doute le seul à croire avec quelques propagandistes zélés.
Même le litige sur l’Ile Mbanié avec la Guinée équatoriale n’a pu être discuté à New-York devant l’incompétence de la délégation gabonaise. Ban Ki Moon, ne comprenant décidément rien au continent africain, a décidé de renvoyer les délégations des deux pays à de nouveaux pourparlers.
En revanche, il est question au Gabon de la « passionnante » entrée au gouvernement de Pierre Mamboundou. L’UPG est en crise en raison des distances de plus en plus importantes de son leader charismatique avec ceux et celles qui l’ont accompagné dans sa lutte politique. La base, en dehors d’une partie de ses dépendants directs, est en révolte, et elle a raison.
Certains esprits subtils annoncent que cette entrée, si elle avait lieu, serait une forme de « changement de l’intérieur », que l’on verrait ce que l’on verrait. Les Gabonais ne seront pas dupes d’une telle stratégie et il en sera fini de l’aventure Mamboundou. Il faut le plaindre plus que le blâmer. S’il confirme son adhésion au régime du parti-Etat, le changement au Gabon se fera désormais sans lui.
En revanche, plus important, le régime serait tenté de repousser les élections législatives. Il est vrai que la machine à fraudes est moins facile à mettre en œuvre en raison du caractère local de l’élection, que le régime peut difficilement confectionner de faux procès-verbaux comme ce fut le cas pendant l’élection présidentielle.
La question de la « sincérité » du vote n’est pas liée aux technologies existantes, mais à la volonté de la « communauté internationale » de mettre un coup d’arrêt aux fraudes du parti-Etat. Si, comme en Côte d’Ivoire, des observateurs internationaux sont désignés en nombre suffisant, et qu’ils soient eux-mêmes contrôlés par leurs hiérarchies respectives – Union européenne, Nations Unies – pour éviter la corruption du régime, il sera donc possible que des élections se déroulent comme elles devraient l’être.
De plus, la biométrie ne peut être « administrée » par l’Etat délinquant actuel qui pourrait collecter ainsi sur chaque individu des informations personnelles qu’il pourrait utiliser à des fins partisanes. Les libertés publiques étant menacées en permanence au Gabon, la biométrie ne saurait être un fichier supplémentaire à la disposition de la répression organisée par le parti-Etat.
* Mengue M'Eyaà est présidente du conseil exécutif Mouvement Civique du Gabon
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