Hollande n’a pas dérogé à la règle d’une France qui, pour son compte ou celui de l’impérialisme occidental, se charge de stabiliser les pays africains, grâce au « savoir-faire exemplaire de l’armée française », dixit les conseillers militaires de la Maison Blanche.
« Ce temps où la France faisait et défaisait les présidents de Centrafrique et d’une partie de l’Afrique, c’est fini. » C’est en tout cas ce qu’a affirmé François Hollande lors de sa Conférence de presse du mardi 14 janvier. Difficile de le croire lorsqu’on sait que la démission forcée de Michel Djotodia, porté au pouvoir par la Seleka, a été exigée par la France.
Déjà en décembre 2013, Hollande déclarait : « En Centrafrique, on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, voire même a laissé faire ».Cette démission fut préparée, en début d’année, par une tournée de Le Drian (Ndlr : ministre français de la Défense), dans le pré carré français de l’Afrique Centrale où il rencontra successivement Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, puis Ali Bongo du Gabon et enfin le tchadien Idriss Déby pour mettre l’opération en œuvre. Quelques jours plus tard, Djotodia annonçait sa démission.
De même, faut-il rappeler la volonté farouche de la diplomatie française au Mali a vouloir empêcher les populations de prendre en main leur destin pour remédier à la plus grave crise qu’a connu ce pays en imposant une transition à la main de Paris ? Hollande exigea la signature des accords de Ouagadougou et imposa la date des élections aux Maliens. Seule la victoire écrasante d’Ibrahim Boubacar Keïta à évité une crise liée aux carences du processus électoral.
Malgré ses dénégations, Hollande applique avec autant de zèle que ses prédécesseurs, cette politique néocolonialiste qui ne peut apporter que les mêmes conséquences désastreuses pour les populations. A part son action plutôt puérile, au sommet de la Francophonie à Kinshasa, consistant à refuser ostensiblement d’applaudir Joseph Kabila, Hollande soutient sans faille les dictateurs de l’Afrique francophone. Le plus caricatural étant certainement son appui inconditionnel à Déby, en contrepartie de son acceptation pour que les soldats tchadiens jouent le rôle de chair à canon au Mali. Désormais, Idriss Déby a les mains libres dans la gestion de la crise en Centrafrique et se voit décerner un certificat de respectabilité.
Mais si, dans sa conférence de presse, Hollande s’est auto-félicité pour son intervention au Mali, l’embellie risque d’être de courte durée. En effet, Keïta nouvellement élu, pratique la même politique d’achat et de division vis-à-vis des chefs des différentes communautés du nord du Mali. Ce clientélisme ne peut faire que des mécontents avec le risque de reprises de conflits armés. Dans le même temps les populations sont tenues à l’écart des assises nationales et régionales de la décentralisation ce qui freine ainsi une possible réconciliation entre les populations. Les accords de Ouagadougou sont au point mort et le retour des services de l’État reste lent et difficile. Dans l’ensemble du pays les difficultés sociales s’accumulent alors que les pratiques de corruptions reprennent de plus belle.
Les faits sont têtus, depuis la mandature de François Hollande, la présence militaire française augmente en nombre de soldats plus de 10 000 et en nombre de pays. Dorénavant les troupes françaises sont présentes au Sénégal, au Gabon, à Djibouti, au Tchad, en Centrafrique, au Cameroun, au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie, s’ajoutent une présence maritime dans le golfe de Guinée et sur la corne de l’Afrique. D’ailleurs, cette politique s’accorde parfaitement avec celle des États-Unis qui utilisent déjà des drones dans le Sahel, en Afrique centrale et de l’est.
Hollande n’a donc pas dérogé à la règle d’une France qui, pour son compte ou celui de l’impérialisme occidental, se charge de stabiliser les pays africains, grâce au « savoir-faire exemplaire de l’armée française », dixit les conseillers militaires de la Maison Blanche.[1]
Avec une telle politique en Afrique, Hollande ne devrait plus hésiter longtemps à porter son casque colonial lors de ses escapades nocturnes en scooter… !
NOTES
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** Paul Martial est rédacteur d'Afrique en lutte (afriquesenlutte.org)
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