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Bien que la Constitution du Malawi soit claire concernant la succession en cas de décès ou d’incapacité du président, une conspiration montée dans l’entourage du défunt président Mutharika, décédé le 6 avril 2012, a été montée pour mettre au pouvoir l’homme de son choix, plutôt que de laisser la vice-présidente Joyce Banda assurer la succession comme le stipule la Constitution.

Il y a environ un mois, le monde s’est réveillé avec la nouvelle de la mort du président du Malawi, le professeur Bingu wa Mutharika, à l’âge de 78 ans. Il s’était effondré à plusieurs reprises dans la résidence présidentielle et a perdu connaissance suite à un arrêt cardiaque. Il a été emmené en urgence au Kamuzu Central Hospital, dans la capitale du pays Lilongwe, où l’on n’a pu que constater son décès. Les instances médicales de l’hôpital ont informé les médias que le dirigeant ne pouvait être ni traité ni gardé à l’hôpital de Lilongwe en raison de la crise énergétique qui ne permettait pas de procéder à une autopsie ni de réfrigérer le corps. Mutharika a été transporté en Afrique du Sud où il a été déclaré mort à l’arrivée.

Dans la chronologie des évènements, il est facile d’identifier trois éléments de résonance et de convergence entre ce qui est arrivé (ou ce qui n’est pas arrivé) à Lilongwe et le drame qui a entouré en 2010 le regrettable décès de l’ancien président du Nigeria Umaru Yar’A’Dua.

Le premier point est que lorsque le président a été transporté en urgence à l’hôpital à Lilongwe, il est dit que l’hôpital était à court d’adrénaline et d’épinéphrine. Ce sont là des médicaments essentiels pour la réanimation de patients souffrant d’arrêt cardiaque. Ces médicaments sont généralement injectés dans le muscle cardiaque afin de stimuler le système nerveux autonome du cœur. Il est dit qu’il fallu environ une heure pour se procurer ces médicaments auprès d’un autre hôpital. Dans l’intervalle, le président était décédé. Si le premier citoyen du pays ne peut obtenir les soins médicaux nécessaires, il est légitime de s’inquiéter du sort des plus de 14 millions de citoyens du Malawi. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), plus de 73% des citoyens du Malawi sont pauvres et parmi ceux-ci, plus d’un million sont affecté par le VIH/sida, réduisant la longévité moyenne en 2010 à 52,7 ans.

Le deuxième élément est que bien qu’il est probable que le président Mutharika était décédé avant d’arriver à l’hôpital de Lilongwe, son épouse Callista, son frère Aurther-Peter Mutharika et des membres proches du cabinet n’ont pas informé la population du Malawi. Au lieu de quoi, ils ont rapidement affrété un avion ambulance afin de transporter le président, dont la mort clinique était confirmée, en Afrique du Sud. Il est dit que l’ambulance aérienne a été retardée de plusieurs heures lorsque le pilote a compris qu’il devait transporter le président malade comme cargo. Il a dû consacrer du temps à obtenir de l’International Air Travellers Association (IATA) les autorisations nécessaires au transport international d’une dépouille mortelle. Alors que l’incertitude planait quant à la mort du président, l’ancienne ministre de l’information, Patricia Kaliati a "informé" les médias le 6 avril, disant qu’elle venait de parler avec le président qui "est en bonne forme". C’était la nuit même où le Democratic Progressive Party au pouvoir considérait toujours ses options.

Cet élément montre comment une crise constitutionnelle imminente fût évitée. Bien que la constitution du Malawi prévoie clairement qu’en cas de décès ou d’incapacité du président, le vice-président doit automatiquement reprendre le flambeau, le cercle rapproché du président avait d’autres idées. La vice-présidente du Malawi (maintenant présidente), Mme Joyce Banda, bien que délibérément choisie comme co-équipière, s’est brouillée avec M. Mutharika en 2010 et a été expulsée du parti au pouvoir. Elle a, en conséquence, fondé son propre parti et est la dirigeante du Peoples’Party. Pendant que le président Mutharika était supposé recevoir des soins en Afrique du Sud, ses proches associés travaillaient sans relâche à monter un coup d’Etat qui contournerait la Constitution et ouvrirait la voie au frère de l’ancien président, ministre des Affaires étrangères du Malawi, afin qu’il reprenne les rênes du pouvoir.

Après 48 heures de suspense, de tromperies d’intrigues et de jeux de pouvoir, une combinaison d’intenses pression nationales et internationales a permis l’émergence de Mrs Joyce Banda comme 4ème président démocratique du Malawi et la deuxième femme à exercer le pouvoir en Afrique après Helen Johnson-Sirleaf du Liberia. Il y a eu des poches d’ivresse jubilatoire parmi la population locale qui avait, de façon répétée, demandé la démission de l’ancien président au cours de ces derniers mois et l’avait accusé de mauvaise gestion de l’économie, d’autoritarisme et de bafouer les libertés démocratiques. On se souviendra que le 19 juillet dernier 19 civils ont été tués et selon les allégations, sur les ordres du défunt président.

On se demande si le président Mutharika est décédé le 5 ou le 7 avril. La confusion règne lorsque l’inscription indiquant la date du décès sur le côté du cercueil exposé au public, change du 7 au 5. Sur la croix qui était portée lorsque le président a été inhumé le 23 avril, il y avait de gros caractères noirs qui déclaraient que le président était décédé le 6 avril.

Autrefois à Abuja et puis maintenant à Lilongwe, il semble qu’une profonde réflexion politique concernant les successions présidentielles en Afrique soient maintenant requises. Pourquoi les présidents africains choisissent-ils leur vice-président seulement par opportunisme géographique, ethnique ou religieux plutôt que pour leurs compétences ? Pourquoi sont-ils toujours en désaccord ? Ne serait-il pas temps que la classe politique africaine prévoie les éventualités qui pourraient conduire à la mort d’un président en exercice ou, mieux encore, crée les conditions pour une succession moins acrimonieuse ? Qui a dit que "cabale" était un mot nigérian !

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Uche Igwe est un expert en gouvernance. Il peut être joint à [email][email protected]
Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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