Pour de nombreux Congolais qui luttent pour la démocratisation effective de leur pays, il est avéré que depuis l’accession du Congo-Belge à la pseudo-indépendance, le pouvoir politique a toujours été sous-tutelle de Washington, maître d’œuvre de la stratégie qui a conduit à l’élimination de Lumumba. Et les Américains sont vus aujourd’hui par les Congolais comme des pyromanes qui ont allumé un incendie mais qui ne veulent l’éteindre qu’à moitié.
La fracassante déclaration de John Kerry, le 3 mai dernier, invitant Joseph Kabila à quitter le pouvoir à la fin de son mandat, rappelle à bien des égards celle de Bill Richardson à Mobutu. Le secrétaire d’Etat américain a, en réalité, servi aux congolais un plat réchauffé. Une communication, devenue coutumière, qui ne prouve qu’une chose : l’ex-Zaïre n’est pas un pays indépendant.
En somme, le message qui émane de White House ne renvoie qu'à un constat : celui de la mise sous tutelle du pouvoir politique au Congo-Kinshasa. Le constat d’un impérialisme qui s’affiche sans artifice. Une vérité longtemps occultée que l’on ne pouvait plus contenir du fait d’un débat que n’épousaient pas les maîtres américains : la volonté de « Kabila » de réviser la Constitution congolaise.
En s’engageant dans un forcing constitutionnel pour rempiler, celui que les congolais nomment imposteur et qui est président au Congo-Kinshasa par la seule volonté des américains, a vivement irrité Obama. Un président américain qui tente de gommer la contradiction entre son message de président élu des Etats Unis et les actes qu’il a posés en Afrique au diapason de la fermeté à l’égard des dictateurs africains
Le Congo-Kinshasa est-il sous tutelle américaine ? Pour de nombreux Congolais qui luttent pour la démocratisation effective de leur pays, c’est avéré que depuis l’accession du Congo-Belge à la pseudo-indépendance, le pouvoir politique a toujours été sous-tutelle de Washington, maître d’œuvre de la stratégie qui a conduit à l’élimination de Lumumba.
Pour ces Congolais nationalistes donc, la déclaration de John Kerry est du pain béni. C’est une véritable opportunité qui leur est offerte pour mobiliser leurs concitoyens dans le sens du combat contre les prédateurs occidentaux qui s’adonnent au pillage des richesses du Congo-Kinshasa par des vassaux interposés. Hier, c’était Mobutu. Aujourd’hui, c’est «Kabila».
A cet effet, la déclaration de John Kerry, destinée à témoigner au peuple congolais que les Américains sont soucieux de leur aspiration à la démocratie, plutôt que de faire unanimité, n’enthousiasme que peu les Congolais. La diaspora congolaise, engagée dans un combat frontal avec le dictateur de Kinshasa, est encore plus sceptique.
« Nous n’avons pas confiance aux Américains, reprend-on en chœur de Bruxelles à Londres en passant par Paris. C’est à nous, Congolais de chasser «Joseph Kabila’’ et nous y parviendrons sans Obama». Or, si l’on sait que cette même diaspora y est pour beaucoup dans le changement de ton à Washington, son lobbying jouant, on peut aisément observer que la mayonnaise n’a pas pris.
Aussi la communication américaine, très tardive, est accueillie avec une rare méfiance dans l’ensemble des milieux et réseaux de la diaspora congolaise. Et même si la rhétorique réjouit les congolais opposés ou combattant «Joseph Kabila», les effets de l’entreprise de déstabilisation du Zaïre, qui a conduit à la chute de Mobutu, ne poussent pas du tout à l’optimisme.
«C’est contre la tutelle du pouvoir dans notre pays que nous nous battons, assène Charly Esalo, un résistant de premier ordre. Si les Américains nous voulaient du bien, ils n’auraient pas cautionné le hold-up électoral de novembre 2011», ajoute-t-il. Des propos qui sont repris comme un refrain dans tous les commentaires relatifs à la livraison de John Kerry à Kinshasa.
En somme, la crainte des Congolais résident dans le fait qu’ils soupçonnent les américains de vouloir remplacer «Kabila» par un autre pion déjà formaté à Washington et qui n’attend que son heure. «Les américains veulent nous faire croire qu’ils nous aiment en refusant à notre peuple de faire son choix ?», cette question domine sur les pages facebook des Congolais.
Finalement, les Américains sont vus aujourd’hui par les Congolais comme des pyromanes qui ont allumé un incendie mais qui ne veulent l’éteindre qu’à moitié. La méfiance est totale et certains propos de John Kerry poussent même à la circonspection. «Kabila peut encore servir son pays». Ce passage outre lorsque surtout Cohen, conjuguant au passé, soutient : «Kabila n’a pas été un bon président pour le Congo». Le décalage dans ces deux prises de positions égare les congolais !
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** Mohamed Mboyo Ey'ekula est un journaliste congolais.
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