Things fall part et No longer at ease sont peut-être ses romans les plus connus, qui n’émergent pas seulement de l’Afrique mais du monde entier. L’auteur de ces classiques, qui incarnait un thème clairement anticolonial, Chinua Achebe, est décédé le 21 mars 2013 à Boston.
Achebe vivait aux Etats-Unis depuis de nombreuses années où il enseignait à l’université du Massachusetts à Amherst. Des déclarations et des hommages à cet auteur emblématique ont afflué depuis la nouvelle de son décès, rapporté largement dans toute la communauté internationale. Né le 16 novembre 1930 dans l’Etat ouest africain du Nigeria, colonisé par les Britanniques au cours de la fin du 19ème siècle, Achebe était originaire de la nation Igbo basée dans la partie orientale du pays. Ses observations au cours de son enfance et sa jeunesse ont formé son style et ses thèmes.
En 1948, il partit étudier la médecine à l’université d’Ibadan. Toutefois, au bout d’une année il a compris que sa vocation était la littérature. Son premier roman Things fall part a été publié en 1958 juste deux ans avant que le Nigeria n’accède à l’indépendance. Ce livre est le premier d’une trilogie qui examine l’impact dévastateur du colonialisme sur la culture et la société africaines. Il a été suivi par No longer at ease, publié en 1960 et Arrow of God paru en 1964.
Things fall part montre Okonkwo comme un des protagonistes qui représente le défi auquel les Africains ont dû faire face lors de l’installation de l’impérialisme sur le continent. No longer at ease se déroule à la veille de l’indépendance nationale, lorsque les protagonistes, le petit-fils d’Okonkwo, revient chez lui après avoir été éduqué en Grande Bretagne
Le personnage principal prend un emploi dans le service civil colonial et découvre que son salaire est inadéquat pour sa survie et celle de sa famille élargie. Plus tard, il accepte des pots de vin, se fait attraper et est inculpé par les Britanniques
Le troisième roman, Arrow of God, l’histoire est basé sur un fait véritable d’un prêtre traditionnel qui refuse de collaborer avec le colonialisme. Le roman illustre le degré de résistance au colonialisme qui existait en Afrique lors de l’invasion des Européens.
Achebe et la conscience nationale au Nigeria
Cependant que Achebe devenait une figure littéraire reconnue nationalement et internationalement, il aussi été un présentateur bien connu au Nigeria. Il produisait des programmes pour la Nigerian Broadcasting Corporation (NBC)
C’est au cours de cette période qu’il a rencontré une jeune étudiante de l’université d’Ibadan, Christie Chinwe Okoli, qu’il a épousée et avec qui il a eu quatre enfants.
En 1966, les contradictions à l’intérieur du mouvement pour l’indépendance nationale atteignaient un paroxysme. Son quatrième roman A man of the people parlait d’un ministre corrompu du gouvernement fédéral et se termine avec l’avènement d’un coup d’Etat.
Le roman était presque prophétique parce que, en 1966, un coup d’Etat manqué et la prise de pouvoir par les militaires, a préparé le terrain pour le massacre des Igbos. Ces développements ont donné naissance à un effort sécessionniste connu sous le nom de Biafra qui aurait dû aboutir à la création d’un Etat indépendant pour le peuple igbo dans l’Est du Nigeria.
En 1967, la guerre du Biafra a débuté dans l’Est du pays. Achebe soutenait le mouvement sécessionniste qui devait échouer.
Résultant de la force militaire supérieure du gouvernement militaire fédéral et de l’isolation internationale du mouvement du Biafra par l’Organisation de l’Union africaine, un blocus des régions orientales a abouti à une famine massive et à la mort. En 1970, le gouvernement du Biafra s’est rendu aux militaires.
Au cours des années 1970, une longue période de réconciliation nationale a pris place. Néanmoins, le pays ne parvint pas à la stabilité avec la constance des coups d’Etat militaires et l’assassinat du général Muhammad Murtala en 1976.
A la fin des années 1970, le général Olusegun Obasanjo a pris le pouvoir et a posé les bases pour la réémergence d’une démocratie bourgeoise. En 1979, des élections nationales parlementaires et présidentielles ont eu lieu qui ont porté au pouvoir le président Shehu Shagari.
Son gouvernement a été réélu en 1983 juste pour être renversé par un autre coup d’Etat militaire au début de 1984. Le régime militaire a duré 18 mois, jusqu’à ce que le général Muhammad Buhari soit renversé par le général Ibrahim Babangida.
Au cours des élections de 1993, et avant même que les résultats soient annoncés, le général Sani Abacha a annulé les résultats et a pris le pouvoir. Il était généralement estimé que le vainqueur des urnes était un riche homme d’affaire, M. K. O. Abiola . Celui-ci fût emprisonné et il est mort en détention en 1998.
Le même destin attendait Sani Abacha qui est mort peu après Abiola. Le pays retournera à une gouvernance civile en 1999 avec le général Obasanjo à l’ascendant, cette fois comme politicien.
A ce moment Achebe avait quitté le Nigeria. Ces critiques du processus post-colonial et de ses dirigeants militaires successifs ont créé une situation politique qui n’était pas propice à son travail.
Il occupera un poste d’enseignant aux Etats-Unis et continuera d’écrire. Malheureusement, en 1990, il restera paralysé suite à un accident de voiture et sera contraint d’utiliser un fauteuil roulant jusqu’à la fin de sa vie.
On se souviendra d’Achebe pour sa contribution littéraire et ses critiques féroces de la société africaine coloniale et postcoloniale. Ses livres resteront des classiques des libraires et des salles de classes pendant encore de nombreuses générations
Aujourd’hui, le Nigeria n’a pas surmonté l’héritage de l’impérialisme. Malgré sa vaste richesse pétrolière, il y a de profondes inégalités dans le pays. Malgré les milliards de Naira résultant de l’extraction du pétrole, la richesse du pays n’a pas été distribuée également. Il y a toujours des conflits régionaux dans le pays et des insurrections armées parmi les Boko Haram dans le nord et le mouvement pour l’émancipation du delta du Niger dans le sud.
Toutefois, pour parvenir à un véritable développement, le Nigeria doit rompre avec les modèles impérialistes et les économies et politiques néocoloniales. Il doit y avoir un programme national de reconstruction du pays basé sur les intérêts des travailleurs, des paysans et des jeunes du pays et cet effort doit se conjuguer avec une lutte plus large dans toute l’Afrique et le monde entier.
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** Abayomi Azikiwe est le rédacteur de Pan African News Wire – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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