Attaques à Ouagadougou : La terreur à nos portes
La souveraineté et l’indépendance parasitées, une Cedeao anesthésiée, voilà les dangers qui menacent les Etats de la sous-région. Et les enjeux primordiaux, aujourd’hui, c’est d’inviter les Africains à se mobiliser pour mettre fin au «Pacte colonial» qui nous empêche de progresser depuis 1960.
Sans risque de se tromper, on peut dire que des observateurs avertis n’ont pas été surpris par ce qui vient de se passer à Ouagadougou, avec l’attaque de la nébuleuse de l’hydre islamiste (Aqmi, Al-Qaïda, Al-Mourabitoune, Boko haram, etc). Au sujet de la situation qui prévalait au Mali, nous disions dès 2012 que : «(…) ce que subit le Mali, aucun Etat n’en est à l’abri. Si notre couardise persiste et si on facilite aux rebelles la tâche à disposer d’armes aussi sophistiquées que des orgues de Staline, ce sera ‘’l’Anschluss africain’’. Aqmi sera à nos portes, d’un jour à l’autre, en Mauritanie, au Sénégal, au Burkina, si rien n’est fait. (Voir : «La Cedeao protectrice des rebelles, ennemie des peuples ?», in journal burkinabé, Le Pays n° 5241, du mardi 20 novembre 2012).
Au lieu de recentrer le débat sur les dangers qui menacent l’Afrique et notre sous-région notamment, des chroniqueurs, dont un baroudeur de la ‘’Télévision mondiale’’ diffusant en continu, relayé par son frangin d’une chaine locale nostalgique de son séjour dans cet hôtel de Ouaga (Ndlr : le Splendid, où a eu lieu l’attentat), ont précipitamment, soixante-douze heures après les événements, tenté insidieusement et de manière biscornue de suggérer que les Blaise Compaoré, Dienderé et consorts, pourraient continuer à jouer leurs rôles dans les ‘’affaires’’, du fait de leur proximité avec les tueurs. Mais implicitement, ils ne font que confirmer le rôle trouble de «médiateur attitré» que Compaoré et ses complices d’Abidjan ainsi que de la Cedeao, ont toujours joué dans la ‘’Francafrique’’.
La souveraineté et l’indépendance parasitées, une Cedeao anesthésiée, voilà les dangers qui menacent les Etats de la sous-région. Et les enjeux primordiaux, aujourd’hui, c’est d’inviter les Africains à se mobiliser pour mettre fin au «Pacte colonial» qui nous empêche de progresser depuis 1960.
En tout cas, c’est triste de constater que certains de nos journalistes, qui devraient participer à l’éveil de conscience correcte des citoyens, comme le font leurs autres collègues, se comportent de façon lamentable quand à l’appréciation des questions politiques majeures.
Ce qui pose problèmes chez les«analystes», c’est que l’épicentre de cette nébuleuse qui se situe entre le Qatar et l’Arabie Saoudite n’est jamais mis en cause. Ce dernier pays, lié politiquement et idéologiquement aux jihadistes, vient d’assassiner, au nom de l’islam, quarante-sept Saoudiens par le sabre et la pendaison sans que cela ne trouble le ‘’petit déjeuner’’ des ‘’dignitaires’’ de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) et certains «droitdelhommistes». Mieux, certains membres de l’Oci, ont trouvé le besoin de rompre leurs relations diplomatiques avec l’Iran qui avait condamné ces tueries.
On a beaucoup glosé sur notre sécurité. Mais celle-ci ne concerne, pour l’essentiel, que les appareils de l’oligarchie (Régiment de sécurité présidentielle, garde rapprochée, etc.). Interrogeons tous les officiers ou sous-officiers africains sincères, ils vous diront qu’ils ne disposent pas d’équipements d’armements adéquats leur permettant d’assurer la sécurité correcte des populations. La corruption, le ressentiment et l’injustice aidant, la vigilance et la perspicacité des préposés au renseignement se trouvent émoussée. Alors, si les jihadistes, comme le rapportent les médias, ont pu obtenir des chambres et loger pendant vingt-quatre heures à l’Hôtel Splendid, qu’en sera-t-il au niveau de nos frontières ?
Aujourd’hui, même pour un incendie, on attend l’appoint, la contribution de forces étrangères pour arriver à bout du fléau. Ce ‘’succès’’ des forces armées de la ‘’Francafrique’’ et d’Africom, toujours présentes à l’appel, à coté du dénuement des nôtres, a pour conséquence, au plan psychologique, d’accréditer dans la conscience collective des masses que ces forces-là sont les seuls vrais ‘’jambaar’’ (braves).
Cela dit, rarement nos ‘’analystes’’ font cas des aveux de Me Clinton, rapportés par les médias, disant qu’Al-Qaïda est une création du gouvernement de son propre pays. Alors qui veut berner qui et pourquoi ?
Ce qui est sur, c’est que si nous comptons sur des gouvernements impopulaires qui ont peur bleue de «l’armée populaire» et qui passent leur temps à endormir les populations à travers la «démocratie, les élections, la Constitution et la croissance économique», selon l’acception des dominants, si nous comptons sur des forces anciennement de gauche qui ont pactisé avec la tortuosité, on attendra longtemps pour sortir de la terreur. Sur tous les plans.
Ce qui est également sur, c’est que la jeunesse Burkinabé sera toujours sur ses gardes.
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