Les 27 et 28 avril la classe politique ivoirienne s’est retrouvée pour asseoir un processus de dialogue-réconciliation. Pour la société civile de ce pays il n’y a là rien de nouveau mais plutôt une répétition d’actes déjà posés. Et hier comme aujourd’hui, l’initiative porte dans sa conception les germes d’un échec relatif.
DECLARATION DE LA CSCI RELATIVE AU DIALOGUE REPUBLICAIN
A l’initiative du Président de la République, Alassane Ouattara sous la direction du Premier ministre, Me Ahoussou Jeannot, le gouvernement et les acteurs politiques de l’opposition ivoirienne se sont réunis en conclave, à Grand-Bassam, les 27 et 28 avril 2012.
LE CONSTAT
L’objectif de cette rencontre est d’amorcer un processus de discussions pour renouer le fil du dialogue pour la réconciliation et la paix. Le communiqué final a été solennellement signé par une dizaine de partis, excepté le Front populaire Ivoirien (FPI). La délégation du FPI, présente à l’ouverture des travaux, a souligné participer au conclave « en tant qu’observateur ».
Le communiqué final sanctionnant ce conclave, a décidé des résolutions dont les plus pertinentes sont les suivantes :
- la création d’un "Cadre Permanent de Dialogue" (CPD) entre le gouvernement et l’opposition. Ce cadre qui est composé du Premier ministre, des ministres d’Etat, des ministres membres du « pôle politique interlocuteur des partis de l’opposition » et des responsables des partis politiques ayant participé au conclave, se réunira une fois par trimestre, en vue de "consolider la paix et la réconciliation". Il constitue une plate-forme d'échanges, de réflexions, de propositions et d'actions en vue de l'amélioration des relations et de la consolidation de la confiance entre le gouvernement et les partis politiques de l'opposition ;
- la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI);
- la révision de la liste électorale ;
- le redécoupage électoral sur la base de critères objectifs ;
- l’engagement des autorités à œuvrer "au cas par cas, à la libération de personnalités pro-Gbagbo incarcérées depuis la crise, à l`annulation de mandats d`arrêt ou du gel d`avoirs décidés par la justice ivoirienne ;
- l'engagement des partis politiques à participer au processus de réconciliation nationale;
- l’envoi de « missions mixtes », gouvernement-opposition, pour sensibiliser les exilés au retour au pays.
NOTRE ANALYSE
Ces différentes résolutions issues de ce conclave ne constituent pas une innovation en la matière. Depuis l’éclatement de la rébellion en 2002 et de la crise post-électorale en 2010, une pléthore d’accords entre les acteurs politiques et de résolutions des Nations Unies ont été convenus pour une sortie de crise définitive en Côte d’Ivoire, à savoir :
- Lomé ;
- Accra 1,2,3 ;
- Linas Marcoussis ;
- Pretoria 1, 2 ;
- l’Accord Politique de Ouagadougou (APO), 1, 2, 3,4 ;
- Décisions et résolutions de la CEDEAO et de l’UA.
- Résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies.
Tous ces accords, dans leurs conceptions comportaient en eux leurs échecs relatifs. En effet ces accords sont souvent liés à leur caractères tout à la fois partiel (limité aux seuls aspects politiques de la crise) et partial (réduit à des considérations partisanes). Le dialogue républicain initié à Grand-Bassam par le gouvernement ivoirien n’a pas échappé à cette règle.
NOTRE POSITION
La Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI):
- Salue et encourage l’initiative du gouvernement et de la classe politique à œuvrer à l’avancée du processus de réconciliation nationale et de paix dans notre pays ;
- Toutefois, elle condamne les méthodes unilatérales ou bilatérales appliquées depuis dix ans (2000-2010), consistant en l’exclusion du corps social (confessions religieuses, secteur privé, société civile), s’agissant des questions d’intérêt général, telle que la réconciliation nationale.
- En conséquence, la CSCI conseille à tous, une démarche inclusive, dans toute initiative de consolidation de la paix et de reconstruction post-crise. A cet effet, elle suggère l’application des recommandations issues de la deuxième édition des journées de consensus national (JCN) à laquelle ont participés tous les acteurs nationaux du 27 au 30 Mars 2012.
- Enfin, la CSCI demande, en particulier et en toute urgence, d’appliquer la recommandation n°1 visant la création d’un Conseil National de Consolidation de la Paix (CNCP) comprenant des représentants du gouvernement, de la classe politique, du secteur privé, des confessions religieuses, de la chefferie traditionnelle et des organisations de la société civile qui sera chargé de suivre les travaux de réforme de l’armée, de dédommagement des victimes de guerre, de justice transitionnelle et de réconciliation nationale.
Cette recommandation, d‘application inclusive, est une véritable garantie de l’avènement d’une réconciliation vraie et d’une paix durable en Côte d’Ivoire.
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