UEMOA et CEMAC : Ces pays ont-ils véritablement la propriété de la monnaie CFA ?

Anatomie de ce problème politico-juridique historique !

Ce qui est arrivé au Mali, avec la rébellion dans le Nord et l’occupation de ces régions, cadre avec la gravité des conséquence liées au système d'exploitation monétaire du Franc CFA. On mesure aujourd’hui les déséquilibres et les ravages sur un pays membre d'une zone économique où prévaut le système de fonctionnement d’une monnaie d'inspiration nazie.

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Le Franc CFA se définit jusqu’à nos jours comme le Franc des Colonies Françaises d’Afrique, même si certains intellectuels essaient de dire de façon dolosive qu’il s’agit plutôt du Franc de la Communauté Financière Africaine. Comme s’il s’agit véritablement des communautés d'États ou on finance le développement ou du moins que le développement s'autofinance ! (1)

Juridiquement, pour parler de la propriété ou du droit de la propriété du Franc CFA par les pays des deux zones, il faudrait d’abord analyser le coté légal de la disposition juridique par laquelle le franc CFA a été créé, avant de parler des conditions essentielles ou attributs réels du droit de propriété qui sont au nombre de trois et qui doivent être réunies pour parler de « propriété » du CFA par les pays africains au vrai sens du terme. D’abord, il y a ’’l’usus’’, ’’l’abusus’’ et ‘’le fructus’’. Mais pour une opportunité de démonstration plus pédagogique ou du moins méthodique, nous préférerons commencer par l’attribut :’’Le fructus’’.

LA CREATION DU FRANC CFA, UNE DISPOSITION ILLEGALE QUI PEUT ETRE DE PLEIN DROIT SOULEVEE !

Le Franc CFA a été créé en temps d’exception en France par décret signé par le Général de Gaulle, en sa qualité du président du gouvernement provisoire, par Réné Plévin, ministre de Finances et Jacques Soustelle, alors ministre des Colonies, le 25 décembre 1945, selon l’article 3 du décret 45-01 36, avec la publication du texte dans le journal officiel français le 26 décembre de la même année. Il convient très bien de souligner la période et la disposition légale portant création du Franc FCFA, et l’auteur et ses coauteurs pour comprendre anachronisme temporel du système par rapport à l'histoire et aux valeurs du 21ème siècle aujourd’hui.

Il convient de préciser que la monnaie FCFA n'est reconnue en tant qu'acte législatif par aucune constitution des Etats Africains, qu'ils soient de la CEMAC ou de l'UEMOA. Des Etats unis au Viêtnam, la monnaie que les citoyens de ces pays utilisent est reconnue par la Constitution de leur pays et donc a ‘’cour légal’’ comme on le dit. Qu’en est-il des pays d'Afrique membres des deux zones CFA?

PEUT-ON PARLER DU FRANC CFA COMME PROPRIETE DES PAYS AFRICAINS ?

Pour parler d’une propriété du Franc CFA, il faut la réunion essentielle de trois conditions ou attributs de propriété essentielles, sans la réunion desquelles ou en l’absence d’une desquelles on ne peut parler de propriété:

LE FRUCTUS (2) : c'est-à-dire la faculté de tirer profit, des fruits ou retombées de l’usage d’un bien ou d’une chose. Cette condition ne semble pas exister pour les pays africains des deux zones Franc CFA, Quand on sait que c’est seulement la France qui tire véritablement les bénéfices du Franc CFA à travers ‘’le principe de la centralisation des réserves de change des pays Africains au Trésor public Français ou le système dit « des comptes d'opérations ».

C'est ainsi que, pour confirmer cette assertion, la pseudo convention de coopération monétaire entre la France et les pays Africains de la zone franc stipule : « Les États membres conviennent de mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fonds de réserves de change. Ces réserves feront l’objet d’un dépôt auprès du Trésor Français dans un compte courant dénommé compte d’opérations » (2) Et « la banque versera au compte d’opérations les disponibilités qu’elle pourra se constituer en dehors de sa zone d’émission ». (3)

Il faut noter que «jusqu’en 1973, les banques centrales africaines étaient tenues de verser sur ce compte la totalité des avoirs extérieurs qu’elles détenaient ». La convention de 1973, qui se veut plus souple, contraint les pays africains de la Zone Franc à « déposer au Trésor Français 65 % au moins de leurs réserves de change. Depuis le 26 septembre 2005, ce taux est passé de 65% à 50% ». (4) Selon toujours Christine Lagarde, « La Banque des États de l’Afrique Centrale place par exemple près de 90 % de ses avoirs auprès du Trésor français. Si les dirigeants de la Banque centrale le font, c’est qu’ils y ont un intérêt et que l’affaire n’est pas si mauvaise ». (5) Du fait de l’obligations du dépôt de plus de moitié de recettes d’exportations ou avoirs de ces États, les populations de ces pays ne cessent de tirer le diable par la queue car soufrent du manque d’offres suffisantes mais aussi de la qualité de service de santé, des infrastructures et équipements scolaires, de la sous alimentation voire de l’insécurité alimentaire. Pour établir un lien avec l'actualité du continent africain, ce qui est arrivé au Mali cadre avec la gravité des conséquence du système d'exploitation monétaire du Franc CFA sur un pays membre d'une zone économique où prévaut le système de fonctionnement de cette monnaie d'inspiration nazie.

Ce système monétaire qui lient nos pays de 1960 à nos jours (2012) n’est pas du tout favorable à l’existence d’un État moderne véritablement indépendant, qui doit satisfaire ses attributs de souveraineté : les charges de soins de santé, du fonctionnement du système l’éducatif mais aussi la défense de l’intégrité territoriale.

Le lundi 3 juillet 2012, c'est avec beaucoup de peine que j'ai pu écouter le maire de la ville de Gao, actuellement sous contrôle d’Ansardine et du MNLA, quand il « réclamait l'intervention des pays occidentaux » sur les ondes de la Radio France Internationale pour mettre fin au chaos que vivent les habitants de la région. Il disait « venez nous aider à chasser les rebelles du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA) et Ansardine qui sèment le désordre et le chaos dans la région », du fait de l'effondrement du rôle régalien de l'Etat à défendre et sécuriser les populations. N’a-t-on pas entendu les militaires loyaux à la République du Mali dire qu’ils « ne disposaient que de peu de moyen à leur disposition pour faire à l'avancée des ces mouvements irrédentistes » ‘’rebelles’’ qui voulaient imposer à l'État Malien agonisant leur logique séparatiste ? Pour en juger, voir l’état de l’armée et de ses équipements plus de 50 ans après l’indépendance, à vous de juger sa consistance avec le défis du monde moderne. Nous notons qu'aucun Etat, qu'il soit de l'UEMOA ou de la CEMAC, n'est à l'abris de cette situation du réel état de déliquescence de «démolition» comme le disait le professeur Nigérien Issoufou Tiado . (6)

Officiellement « l’armée malienne compte 22 000 hommes et femmes, tous corps confondus. Elle est commandée par plus de 50 généraux et ne disposait, avant le déclenchement de la rébellion du MNLA et autres mouvements, que de 4 hélicoptères d’attaque Mi-24 de marque soviétique dont 2 sont en panne, de 2 avions de chasse Marchetti de fabrication italienne offerts par la Libye en 2010, qui ont épuisé leur réserve de carburant spécial, de 6 petits avions de surveillance, d’un vieux Basler américain de transport de troupes acheté en 2003, de 40 automitrailleuses blindées BRDM et 40 blindés de transport de troupes BTR équipés de canons de moyenne portée ». (7)

L’analyse qu’on peut faire de la logistique de l’armée malienne est la suivante : « Disposant de quelques hélicoptères d’une capacité seulement de 150 km, donc d’une autonomie qui ne dépasse pas les 300 km, ils doivent opérer dans le Nord, entre des villes qui font 500 à 1000km de distance ». Donc, le constat qu’on peut tristement faire est le suivant : « Même si les militaires ont le courage », imbus de la bravoure nécessaire des descendants d’un Soundjata Keita, des Babemba et d’un Samory Touré ou des Maiga, « la volonté sans logistique appropriée ne peuvent malheureusement rien faire » face aux menaces des ''rebelles'' et autres velléités qui ont gravement porté atteinte à l'indépendance et à l’intégrité territoriale du Mali avec la plus ou moins grande facilité.

Même si les moyens sont déterminants, la victoire de l’armée vietnamienne a plus été la conséquence de la ténacité des soldats vietnamiens que celles des moyens militaires ! (8) Il faut noter néanmoins les rapports dégradants et démoralisants entre les hommes de troupe et leurs hiérarchies . (9)

Au moment ou l’armée malienne ne disposait que d’un budget dérisoire de « 300 millions de dollars en 2012», dans lequel se servirait d’abord la haute hiérarchie militaire avant que les quelque miettes ne viennent au soldats au front ou en attente, la France utilise ces dépôts non rémunérés (des États africains y compris du Mali ) placés dans les comptes d’opérations pour soit spéculer sur les places Boursières à Paris ou à Wall Street, soit prêter à des banques françaises et ou européennes privées, publiques ou communautaires. Par la suite, France utilisera les intérêts financiers des pays africains pour les endetter !

Comment ne pas pouvoir comprendre les raisons qui ont déterminés la République d’Algérie qui, disposant d’une population de 35 millions d’habitants (soit le double de la population du Mali), entretient une armée de 127 000 éléments, cadres de commandement y compris, dotée d’un budget de 7 milliards de dollars. Pourquoi, à la dimension du poids économique réelle de nos pays ne pas se tailler une armée capable de nous prémunir des velléités d’occupation néocoloniales des puissances impérialistes par des personnes interposées dont on exploite le mécontentement ou la vulnérabilité ?

Devons continuer de nous contenter des dispositions des Accords de Coopération Militaires et Techniques qui nous demandent de nous adresser « en priorité à la République Française pour la formation des soldats, l’entretien et le renouvellement des matériels et équipements » de nos forces armées ? Alors que parallèlement le discours officiel des grandes puissances, parmi lesquelles figure la France, nous chante la mondialisation, l’ouverture du marché concurrentiel qui nous permet de nous équiper avec ‘’le moins disant’’ sur avis d’appel d’offre public et, avec peu de fonds, acquérir des matériels ou équipements plus efficaces que de nous contenter des ceux qualifiés de standards (11) selon l’esprit de la disposition des accords citées, alors qu’ils fournissent les meilleurs équipements aux rebelles et autres mouvements irrédentistes.

N’a t-on pas vu de façon notoire la France larguer à Djebel Naffouss des conteneurs d’armes aux insurgés libyens qui, sur place, s’étaient permis de faire ''des tirs en l’air de gaieté'', sans se demander à qui profite ce « largage-vente ». A des multinationales Européennes bien entendu, dont celles de la France qui ont tellement produit de tonnes d’armes et de munitions qu’ils sont en train d’attendre « un printemps de vente » orchestré à géométrie spatio-temporelle variable.

Voilà enfin ce qui peut permettre de comprendre la mise en œuvre par ‘’procuration’’ des chefs d'États Africains d’un embargo économique et du gel des comptes d’un État en cas de coup d'État, même si ce coup peut de fois paraître légitime sans être souhaité au préalable et facilement acceptable au plan juridique. Tant les initiateurs d'un coup d'État ne font pas partie de la grande classe des initiés à la défense de l'ordre pré-établi d'exploitation (du système FCFA dont le Mali est sujet de fait et de droit), ils auront tous les problèmes du monde à prendre la gestion du pays qu'il croient sauver de la déliquescence ou de l'effondrement. C'est ce qui c'est passé au Mali avec le capitaine Aya Sanogo ?

Comment comprendre le fait que les chefs d’Etats et de gouvernements de la CEDEAO exigèrent à ce que le déroulement de la transition vers les élections soit conduit par celui là en présence de qui l’ex-président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, a mis l'État du Mali en déliquescence, en l’occurrence Diouncounda Traoré ? Celui là qui incarnait le peuple à l’Assemblée Nationale et qui a regardé le président ''assumer seul'' le retour des personnes armées sur le territoire malien alors que l’armée, vu son état de déliquescence, ne pouvait rien contre toute éventualité de rébellion de «ces migrants » vers le bercail.

A partir de quel moment le contrôle de l'action gouvernementale par les députés nationaux a t-il cessé dans ce pays labellisé ''exemple de démocratie'' pour regarder le président faire l'absurde, peu avant et pendant cette période ? Il faudrait nécessairement que celui qui aurait participé à la marche de cette démocratie d’accumulation primitive des capitaux et des privilèges, ne soit pas tenté de remettre en cause ce canal ascenseur du pouvoir qui a montré ses limites par l'accentuation des inégalités et des crises sociales à tous les niveaux ! (12) Et ce même si on jouit tout de même d'une 'légalité particulière'', même si on perd de la légitimité devant la démolition de l'État du Mali. La CEDEAO, l'UEMOA, la Francophonie sont là pour ''tenir en respect le peuple'' avec toute une batterie d'éventuelles sanctions.
Le peuple n'a-t-il pas semblé penser qu'aucun mouvement dans la grande muette (Armée) n'est possible devant la situation qui prévaut ! Et tout à coup, comme un orage menaçant, des coups de tonnerre tombent ! Je le disais en tant que Secrétaire Général de l'union des Scolaires Nigériens au Mali, lors d’une conférence-débat sur « la crise scolaire et universitaire», organisée au mois de mai 2011, au centre culturel islamique de Bamako. J'ai commencé par demander au conférencier de préciser à quelle époque la croissance économique du Mali qu'il a évoquée avait atteint celle de la Corée du Nord ! Et quelle était la nature de monnaie (nationale ou néocoloniale) de ce pays au moment ou il le comparait au Mali en terme de performance sociale et de bien être de sa population. Je paraphrasais l'ex-président français Jacques Chirac, qui disait qu’«une grande partie de l'argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l'exploitation, depuis des siècles, de l'Afrique. Pas uniquement, mais beaucoup vient de l'exploitation de l'Afrique ! Alors il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité, mais de bon sens, de justice pour rendre. C'est nécessaire si l'on veut éviter les pires convulsions ou les difficultés avec les conséquences politiques que ça comporte dans le proche avenir»

J'ai formulé cette idée même si je n'étais pas d'accord avec une partie de la pensée de l'auteur sur le bons sens : «C’est qu'une grande partie de l'argent qui est dans la banque de France vient précisément de l'exploitation, depuis des siècles, du Mali et même des autres pays africains pour ne pas épingler seulement le gouvernement du Mali, dont mon pays le Niger, qui peinent à investir réellement dans un secteur en crise aussi important que le système éducatif ! Mais il y a aussi l'économie elle même, la santé, la maintient de l'ordre (13)... Alors il faut (avoir) un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité, mais de bon sens, de justice pour rendre aux citoyens maliens (dont moi je fait partie, sans en être un citoyen de ce pays). Un peu de courage si vous voulez rendre aux citoyens de ce pays ce « qu'on leur a pris. D'autant que c'est nécessaire si l'on veut éviter les pires convulsions ou les difficultés avec les conséquences politiques que ça comporte dans le proche avenir » (14). Non seulement au Mali mais aussi dans tous les pays Africains !

Quelque mois plus tard advint un coup d'État par l'accentuation «des convulsions» ou «difficultés »socio-économique ! Les chefs d'États africains peuvent-ils apprécier la valeur ou la portée de cet « aveu d'un chef d'État Français qui n'a pas manqué d'exprimer «l'effet qu'il a sur la conscience» de voir les peuples africains dans un système d'exploitation néocoloniale ? Et qui lui a fait dire, quand il visita le Niger et se vit accueillir de Niamey à Tahoua par une marée humaine à grande composante juvénile, qu'il y avait là une « bombe à retardement »?

L'Etat nigérien s'est-il préparé à prévoir plus d'offres de services sociaux de base à cette frange d'être humains à la fleure de l'age qui fera le bonheur du Niger, ou continue -t-ils à croire au prescriptions néo-darwinienne sur les espacements de naissance, les grossesses non désirées ?

Une chose est sure, c' est la démographie du Niger qui recommande un changement de cap. Ce ne sont pas les ruées des multinationales qui créerons les conditions du mieux être à ces milliers d'être humains qui ''viennent au monde'' à un rythme de plus en plus accéléré et qui n'a pas manqué de faire peur à l'ex-président nigérien Mahaman Ousmane. Il disait, lors d'une exceptionnelle sortie médiatique : «Prenez un peu de plaisir à circuler à Niamey, notamment dans la ceinture verte, à Gamkaley... à la périphérie de Niamey, Vous verrez vieillards, femmes, enfants, mendiants en train de fuir les villages pour venir à Niamey. C'est une situation très inquiétante». Elle est d'autant très inquiétantes que ce déplacement de personne de la campagne vers les villes est accentuée par la pauvreté, la misère, la sècheresse dues au changement climatique. Pire encore, si les jeunes des villages de plus en plus préféraient partir en en Côte d'Ivoire, en Libye, en Algérie, au Nigeria, les récents conflits qui ont affectés la sous région ne sont pas sans aggraver la situation. Pensez-vous avoir le sommeil tranquille dans les années à venir si vous n'engagez pas la rupture d'avec le système Franc CFA ?»

Si on suppose par exemple que 12 000 milliards placés à 3% au niveau de la Banque centrale européenne ou à Wall Street rapportent 360 milliards d’intérêts que la France prête aux Africains en partie ou en totalité au taux supérieur à 5%, il est aisé de comprendre pourquoi, en 2008, le président sénégalais Wade renouvela sa dénonciation en s’interrogeant : «Pourquoi la BCEAO continue de placer ses réserves estimées à 4700 milliards FCFA (7 milliards d’euros) dans les places boursières internationales alors que les pays membres peinent à trouver des financements ?». (15)

Et Mahamadou Rabo de préciser que « pendant que la plus part des Etats ouest-africains faisaient face à des graves crises financières conjoncturelles et systèmiques, constamment sous-perfusions, 6000 milliards FCFA sont nichés dans les coffres forts de la BECEAO en 2002».

L’ABUSUS est la troisième condition : C’est la possibilité ‘’d’abuser’’ ou de faire ''un usage abusif'' d’une chose ou de détruire légitimement une propriété selon qu’on le juge opportun. Etant donné « qu’un Etat n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts », un État peut, s’agissant de sa politique monétaire, faire un usage qui peut sembler abusif pour un ou d’autres État (s). L’exemple le plus illustratif est celui du Nigéria, du Ghana ou de la Chine qui effectuent régulièrement une baisse de leur taux de change nominal quand ils exportent vers d’autre pays pour rendre leurs produits exportés plus compétitifs sur le marché international. Donc aujourd’hui les produits d’exportation des pays de la zone Franc CFA sont chers, du fait de la robustesse de l’Euro et de l’arrimage du Franc CFA à l’Euro.

Pour illustrer l’importance liée à cet attribut de propriété, il convient de rappeler que pendant toutes les séries de dévaluation du CFA (post-indépendance) qu’il y a eu, notamment celle de 1994, ont été entreprises sans consultation préalable des ‘’supposés propriétaires’’ du FCFA ! C’est ainsi que le feu président Etienne Gnassingbé Eyadema renchérit en expliquant pourquoi, malgré l'opposition générale des chefs d'Etats africains, la dévaluation du franc CFA a eu lieu : «Comme on dit, la force prime souvent sur le droit. Je n’étais pas le seul à formuler cette mise en garde, mais la France... en a décidé autrement. Les voix africaines n’ont pas compté pour grand chose dans cette affaire » (17)

Mieux, quand il s’agissait de prendre cette grave décision, ‘’tous les chefs d’Etat ou de gouvernements ont été conviés de partir à Dakar en 1994 (18) pour analyser ‘’la situation la Compagne aérienne Air Afrique’’ et c’est une fois dans la salle ou se tenait le sommet que les chefs d'État et de gouvernement apprennent qu’il s’agit d’un sommet portant sur ‘’la dévaluation du Franc CFA’’. Cette dévaluation n’a pas été sans préjudice pour les pays économiquement fragiles comme le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et d’autres pays encore. C’est pourquoi il faut rappeler que cette dévaluation n’a été bénéfique que pour les pays exportateurs de matières premières comme le Sénégal et la Cote d’Ivoire. Pendant cette période, la solidarité qui devait prévaloir entre pays d'une zone monétaire telle que l'UEMOA, particulièrement entre des pays à l'avantage exclusif desquels cette dévaluation a été faite comme le Sénégal et la Cote d'ivoire et les pays sortis malheureux comme le Niger, le Mali, le Burkina, etc., n’a pas été de mise.

Si vraiment les pays d'une zone monétaire partagent le souhait d'un « destin commun », pour le meilleur et pour le pire, le véritable souci d'entraide et de solidarité communautaires, le Niger qui s' était retrouvé lésé devrait être dédommagé jusqu'à un montant d'environ 180 milliards n'a rien perçu jusqu'à nos jours au titre de dommages et intérêts car, « avant la dévaluation, l’Assemblée nationale qui avait élaboré un collectif budgétaire de 107 milliards de FCFA », « s’était retrouvé obligée de le rehausser à 170 milliards » (19) pour atténuer les effets de cette dévaluation sur l’offre des services sociaux de base et la prise en charge d’autres attributs de souveraineté tels la santé, l’éducation, la défense nationale. C’est pourquoi d’ailleurs on a remarqué de ce fait la recrudescence d’un mouvement de rébellion armée au nord du pays . « Cette dévaluation a été subie par les fonctionnaire qui ont été sans bénéficier à titre de dédommagements d’une « échelle mobile de salaire » !

L’USUS est la troisième condition, c’est-à-dire l’usage d’un bien ou d’une propriété :
Il convient de noter que l’usage est le seul attribut de propriété qui est concédé aux Etats Africains de l’UEMOA et la CEMAC et qui s’en ont contenté jusqu’aujourd’hui !

NOTES
1) Voir le Traité de l’UMOA, Titre III, Article 6.
2) Article 11 de la convention de coopération monétaire entre la France et les Etats membres de la B.E.A.C.,1973
3) Article 2 de la convention de compte d’opérations entre la France et les pays africains de la zone franc (les PAZF).
4) voir l’interview de Christine LAGARDE, Ministre de l’économie et des finances de la France avant qu'elle ne soit la Directrice Générale du Fond Monétaire International, site de Jeune Afrique, 03 mai 2010.
5) Voir site de Jeune Afrique, 03 mai 2010.
6) Il est l'auteur du livre : « Le Niger un Etat en démolition »,paru en 2009, aux Editions qui fait état de la dynamique du fonctionnement de l'État du Niger de 1960 à nos jours. C'est ainsi qu'il y a passé en revue toutes les républiques et tous les régimes politiques qu'a connu le Niger. Sans nul doute, c'est un titre pour l'oeuvre, mais une conclusion sur l'état de l'Etat du Niger.

7) Cette information sur l’armée malienne provient d’une personnalité sur proche du commandement du pouvoir du Général Amadou Toumani TOURE, renversé par un coup d’Etat après que l’armée nationale ait connu des revers au front de bataille contre la rébellion en 2012 qui a réquit l’anonymat pour besoin de sécurité.

8) Le Vietnam a eu a faire face à la plus grande puissance militaire du monde :l’armée des Etats Unis !

9 Beaucoup des hauts gradés de l’armée ont été soupçonnés d'enrichissement illicite du aux détournements de soldes, de la corruption et de trafique de drogue…etc

10) Article 3 alinéa 1, Chapitre V des supposés Accords de coopération techniques et Militaires du 24 Avril 1961 signé par le Hamani DIORI, Hubert MAGA, Félix Houphouet BOIGNY, et Michel DEBRE respectivement pour la république du Niger, du Benin (sous le nom de Dahomey dans le texte de l’accord ) de la cote d’ivoire, et la France. Ces Accords néo-coloniaux conclus par ces États en 1961 sont toujours en vigueur en 2012 !

11) Selon l’Article 3.1 des accords de coopération technique et militaires, que « le Niger, la cote d’ivoire, le Benin,(Dahomey dans l’accord),en vue d’assurer la standardisation de leurs armements doivent s’adresser en priorité à la république Française pour l’entretien et le renouvellement des matériels et équipements des forces armées ». Ces accords sont toujours en vigueur malgré le caractère léonin de ses clauses !.

12) J’ai passé 4ans au Mali en tant qu’étudiant à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Bamako de 2007 à 2011.

13) Les étudiants s'affrontaient régulièrement à coup de machettes sans que la police ne puisses agir efficacement contre les contrevenant à la loi pénale!. Pour des raisons humanitaires le coup de main que j'ai apporté pour le secours d'un ami étudiant blésé et deux autres un jours sur le campus à qui même j'avais demandé au préalable d'abandonner le champs du syndicalisme estudiantin car violent, m'a valu d'être attaqué à mon tour la veille de mon départ définitif de Bamako, juste après quelques Adieux et scènes au revoir avec le coordonnateur national de l'Association des Élèves et étudiants du mali !

14) Au besoin contacter le Directeur de publication du journal d'actualités scolaires et universitaires, le Flambeau pour qui ,un Étudiant a filmé la conférence. Voir le site:www.leflambeau.com

15) Voir le journal Les Afriques - No 13 : 24 a u 30 janvier 2008

16) Il était Coordonnateur des travaux du conseil consultatif National (CCN)du Niger du 20 décembre 2010, le rapport de ses travaux a été remis à la présidence, à la primature, à la commission nationales des Droits de l’Homme et des libertés Fondamentales …etc. Son rapport de travail est de 12 pages.

17) Journal Jeune Afrique n° 1841 du 17-23 Avril 1996. P. 38.

18) C’est l’ex-président sénégalais qui était chargé de trouver une astuce pour pouvoir rassembler les chefs d’Etat et de gouvernements à Dakar et leur apprendre ce qui a été décidé à propos du Franc CFA !

19) C’est le témoignage de l’honorable député Sanoussi Tambary Djackou, économiste, docteur en Économétrie et député au moment des faits.

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** Abdoulaye I. Lawal est diplômé d'une maitrise en Droit Public International. Il est président de la Section nigérienne de la Fédération des Mouvements pour la Souveraineté Économique et Monétaire Africaine
(Lire la première partie de ce texte dans cette édition sous le titre « CEDEAO et CEMAC : La souveraineté économique et monétaire comme solution au sous-développement »)

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