«Le Burkina Faso ne sera pas une Monarchie, ni une République bananière »
Artistes, élèves, étudiants, journalistes, travailleurs des secteurs public et privé, commerçants, paysans, organisations de jeunesse et activistes des droits humains au Burkina Faso, ils ont mis en place le mouvement « Le Balai Citoyen » pour constituer un cadre d’unité d’action citoyenne pour la défense de la constitution, de la démocratie , de l’Etat de droit et d’un mieux vivre ensemble. Cette déclaration indique leur ligne d’action.
Jeunesse consciente du Burkina Faso,
Patriotes convaincus,
Défenseurs de la démocratie et de l’Etat de droit,
Burkinabè de tous les âges,
Concitoyennes, concitoyens,
Le Devoir nous appelle ; la Patrie nous interpelle ! Le temps du Réveil citoyen a sonné.
Le Faso, notre chère patrie, est depuis quelques années dans l’œil du cyclone. Une classe de politiciens qui a fait de l’abus du peuple et de ses biens son sport favori a entrepris de transformer notre République en une monarchie. L’objectif n’est ni plus ni moins que d’instaurer un système dynastique qui lui assurerait indûment des privilèges ad vitam aeternam.
Burkinabè de toutes les couches sociales, Burkinabè d’ici et ailleurs, amis du Burkina,
L’heure est grave ! Non contents de déployer leurs énergies dans les raccourcis pour détourner ou dilapider les ressources du pays dans des dépenses de prestiges, ces faux princes veulent aujourd’hui nous imposer un Sénat. Complètement futile et inutile. La mise en place de ce Sénat est, en fin de compte, la dernière preuve que le régime de Blaise Compaoré se moque totalement de la souffrance du peuple dont plus de la moitié croupit dans la misère. C’est aussi le symbole que l’utilité sociale des institutions est le dernier de son souci.
Pire, ses thuriféraires s’évertuent, contre vents et marrées, à pousser le pays sur une voie chaotique qui consiste à sauter le verrou constitutionnel limitant le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats pour instaurer une présidence à vie et renforcer la patrimonialisation de fait de l’Etat, de ses biens, de son appareil et ensuite liquider définitivement le pays aux prédateurs étrangers... Ils veulent coûte que coûte, vaille que vaille, maintenir au pouvoir Blaise Compaoré, pourtant visiblement usé par 26 ans de pouvoir personnel et sans partage, 26 ans de combat quotidien pour sauver son fauteuil au détriment des aspirations légitimes du peuple, 26 ans de promesses non tenues.
Peuple du Burkina Faso, citoyennes et citoyens épris de paix et de justice, patriotes de tous bords,
Devons-nous lâchement les laisser faire ? Nous taire et assister passivement à cette tragédie sociopolitique qui se joue sous nos yeux sans réagir ? Accepterons-nous d’être complices de cette forfaiture et de cette imposture ?
Non, nous ne pouvons plus !
Nous ne devons plus accepter l’imposture et la forfaiture permanente. Notre jeunesse doit retrouver son droit de rêver d’un avenir autre que celui que ces égoïstes cupides et insouciants lui ont imposé.
Peuple du Burkina Faso, militantes et militants des causes justes, défenseurs de l’intérêt général,
Comme le disait le Président Thomas Sankara, « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa propre révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort ». Alors, lève-toi, comme un seul homme, pour défendre ta dignité et recouvrer ta liberté. Aujourd’hui, plus que jamais, la Patrie a besoin de nous comme elle a eu besoin de ses valeureux fils et filles à certains moments critiques de son existence.
En effet, lorsqu’en 1932, le pays a été démembré, ses populations divisées et partagées comme des morceaux de gâteaux aux voisins, des femmes et des hommes valeureux se sont mis debout et ont obtenu sa Reconstitution après diverses formes de luttes et de batailles.
Quand le 3 janvier 1966, après l’indépendance, l’autocratie s’est emparée du pays avec sa mauvaise gestion des ressources publiques, dans un élan patriotique, les forces vives de la Nation ont fait la jonction nécessaire pour arrêter la dérive.
Quand en 1975, le pouvoir a voulu embastiller le peuple sous un parti unique, des hommes et des femmes ont dit Non, épargnant au pays une dictature.
En 1983, face aux velléités de l’impérialisme et de ses valets locaux de mettre le pays sous coupe réglée, la jeunesse patriotique de Haute Volta s’est révoltée, désertant les salles de classe, les amphis, les ateliers et les groupes de thé pour opposer à ces forces rétrogrades une résistance vive. Dans une remarquable unité d’action, civils et militaires ont porté l’estocade à l’impérialisme en instaurant la Révolution, permettant ainsi au peuple d’écrire des pages glorieuses de son histoire.
Quand en 1998, des « lâches assassins voyous » ont brisé la plume intègre de Norbert Zongo à Sapouy, c’est encore la jeunesse de notre pays qui a enclenché la lutte pour dire Non à l’horreur et à la barbarie. Elle a obligé partis politiques et organisations de la société civile à se mettre ensemble au sein du Collectif contre l’impunité, permettant ainsi d’engranger des acquis démocratiques pour notre peuple.
Le temps est passé et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Mais, les digues n’ont pas cédé et ne doivent pas céder.
Jeunesse vaillante et consciente, hommes et femmes épris de paix et de justice, patriotes convaincus, peuple intègre du Faso, citoyennes, citoyens ;
Le Pays nous appelle ! L’heure de l’engagement citoyen a sonné. Mobilisons-nous massivement pour l’intérêt supérieur de notre Peuple pour éviter que notre pays ne sombre dans les abîmes des pouvoirs à vie. Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler, un temps pour observer et un temps pour agir. C’est maintenant le temps d’agir, aux côtés de toutes les forces vives qui se mobilisent dans tous les secteurs de la vie publique nationale pour déclencher la marche triomphale vers l’horizon du bonheur et pour la conquête de la liberté et du progrès vrai.
C’est dans ce contexte que nous, artistes, élèves, étudiants, journalistes, travailleurs des secteurs public et privé, commerçants, paysans, organisations de jeunesse et activistes des droits humains avons mis en place le Mouvement « Le Balai Citoyen » pour constituer un cadre d’unité d’action citoyenne pour la défense de la constitution, de la démocratie , de l’Etat de droit et d’un mieux vivre ensemble.
Le Balai Citoyen se veut un large front de résistance contre les dérives actuelles du pouvoir en place, mais plus fondamentalement et dans la durée, il s’affirmera comme un grand mouvement d’éveil des consciences et d’actions pour une gouvernance responsable et respectueuse de la dignité de notre peuple.
D’ores et déjà, après la conférence de presse animée le 18 juillet dernier par deux de ses membres fondateurs (les artistes Smockey et Samsk le jah) au Centre national de presse Norbert Zongo (Cnp/Nz), le mouvement a gagné en popularité et partout dans les quartiers de nos villes et campagnes se sont constitués des groupes de Cibals et de Cibelles (citoyens et citoyennes balayeurs) pour apporter leurs contributions à l’immense tâche de renaissance de notre jeunesse et de notre Patrie.
Ainsi, nous lançons un vibrant appel à toute la jeunesse et à tous les démocrates sincères à se joindre à nous pour ce combat patriotique où il ne peut y avoir d’autre issue que la victoire de la justice sur l’injustice, du peuple sur ses prédateurs, des démocrates sur les autocrates et faux reconvertis.
Notre action citoyenne se positionne dans l’immédiat contre la mise en place du Sénat et contre la révision de l’article 37 de la Constitution.
Nous devons rappeler au président Compaoré ses propres déclarations au lendemain de sa prise du pouvoir le 15 octobre 1987, quand un journaliste de Jeune Afrique (n°1400 du 4 novembre 1987) lui posa cette question : « Quelle garantie pouvez-vous donner aujourd’hui à vos compatriotes pour les convaincre que vous n’avez pas éliminé Sankara juste par soif du pouvoir ? » Voici sa réponse : « Pas moi ! J’ai personnellement participé à deux coups d’Etat pour remettre aussitôt le pouvoir à un autre. Je n’ai jamais rêvé du pouvoir, et je ne m’y accrocherai pas… »
Plus d’un quart de siècle après, il est toujours au pouvoir et depuis 2005, il s’y accroche après ses deux septennats constitutionnels. Demandons-lui de respecter enfin sa parole ! A défaut, il ne nous donnera d’autre choix que de l’y contraindre.
Peuple du Burkina Faso, lève-toi comme un seul homme pour défendre ta dignité bafouée et arracher ta liberté.
Rejoignons massivement Le Balai Citoyen, notre creuset de combat Engageons-nous pour le changement ! Un changement qualitatif qui va assurer au peuple un réel épanouissement. Aujourd’hui plus que jamais nous devons nous investir et participer à l’avènement de ce changement.
Le changement ne viendra que par nous. Et notre nombre est notre force. Alors mobilisons-nous massivement pour imprimer à jamais notre droit et notre volonté non négociable de vivre dans un Etat de droit où tous les citoyens naissent effectivement libres et égaux.
Pour la Dignité du peuple, en avant pour le changement !
La coordination du Balai citoyen !
Ouagadougou, août 2013
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** Balai citoyen est un mouvement citoyen lancé par de jeunes musiciens au Burkina, pour triomphe de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance et de la justice sociale.
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