Madagascar : Peut-on faire confiance à Rajoelina ?

Le président de la Haute Autorité de Transition ne sera plus de la course à la présidentielle. Andry Rajoelina a annoncé sa décision le 12 mai, pour des consultations électorales fixées au 26 novembre. La feuille de route porte aussi sur l’orgnisation d’un référendum sur une nouvelle Constitution le 12 août 2010 et des élections législatives le 30 septembre. Reste à savoir, ainsi que Bonaventure se pose la question, jusqu’à quel point il est possible de faire confiance à Rajoelina.

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Andry Rajoelina va se sacrifier en déclarant unilatéralement qu’il ne se portera pas candidat aux prochaines élections présidentielles, une véritable profession de foi qui a ému les plus crédules citoyens, mais sa déclaration était elle sincère ? A y voir de près l’intention est louable, car il a suivi les pas de ses amis du Niger ou de la Guinée, comme aiment bien le sous entendre les médias français en faisant comprendre que la situation est maintenant semblable avec ces pays et qu’avec un calendrier bien ficelé il mérite la reconnaissance internationale, comme l’a bien appuyé le secrétaire d'État français chargé de la Coopération, Alain Joyandet.

Dans son communiqué, Rajoelina a déclaré "Je me sacrifie pour ne pas sacrifier le sang des Malgaches ", assurant que son "seul but est de mettre en place la quatrième République". Mais son engagement rencontre déjà un certain scepticisme. Car Andry Rajoelina est réputé changeant et peu respectueux de ses engagements.

Il y a aussi un ‘’hic‘’. Andry Rajoelina n’est ni un militaire, ni un Premier ministre de transition. Il s’était autoproclamé président de la Haute Autorité de la Transition. Il n’a plus aucun soutien populaire et a signé des conventions internationales qu’il a certes renié mais qui font fonction de charte constitutionnelle approuvée par la communauté internationale. Et selon les recommandations de l’ONU pour les règlements et préventions des conflits, un pays en dehors de la zone des désaccords, comme la France, n’a en aucun cas le droit de se substituer au Groupe International de Contact (GIC) pour imposer un autre processus non discuté ni validé par les autres mouvances et les médiateurs désignés par l’ONU, la SADC et l’Union Africaine qui ont toujours regretté les multiples revirements de Andry Rajoelina et ses déclarations incendiaires toutes empreintes de haine et d’animosité.

Comment peut-il se permettre de juger cinquante ans d’histoire de l’indépendance en fustigeant ses prédécesseurs, tout en suppliant à la France de l’inviter à la fois au sommet France-Afrique de Nice et lors de la Fête du 14 juillet 2010 ? (…) Andry Rajoelina joue au redresseur de torts pour porter la toge de l’homme du renouveau. Mais il faut avoir la vraie étoffe d’un homme d’Etat qui a su assimiler l’histoire et la culture politique de son pays, avoir l’expérience et le savoir, la maîtrise des mécanismes de la gestion de la cité, en sus d’un minimum de respect des valeurs et éthiques de la tradition malgache, affirment les connaisseurs du dossier malgache, pour mériter un tel qualificatif.

Tous ces critères font défaut dans le comportement et la pensée des dirigeants de cette transition, gênent et mettent mal à l’aise leurs interlocuteurs et collaborateurs. D’où ces changements et versatilités permanentes du président de la Haute Autorité de Transition qui rendent indescriptibles et illisibles ces nombreuses feuilles de routes.

Les observateurs craignent que toutes ces gesticulations et paroles approuvées par la France ne servent qu’à des objectifs et ambitions personnels : assister en tant que Président au défilé du 14 juillet 2010 et au sommet de Nice, suivant un habile schéma de réinsertion et de soutien du processus sans reconnaissance internationale et se faire appeler pompeusement, comme il l’a rêvé, parmi les chefs d’Etat africains invités… ’’Monsieur le Président‘’. La soif de l’honneur est ainsi sauve, satisfaite et l’événement marqué pour la postérité dans quelques livres d’histoires francophones qui vont relater cette période sombre de régression. Il pourra ainsi quitter le pouvoir la tête haute sans se préoccuper du malheur de ses compatriotes.

En tout cas, ces propos de Andry Rajoelina mettent dans l’embarras son entourage direct. Notamment son Premier ministre , un membre du comité pour le jubilé du 50e anniversaire de l’indépendance et du centenaire du feu président Philibert Tsiranana, qui comme tant d’autres personnalités en son temps n’ont donc rien réalisé pour ce pays. A part le fait que 75% des infrastructures publiques actuelles (routes, villes, hopitaux, universités,...) ont été construite pendant la Première République et qu’aussi depuis 14 mois Madagascar a subséquemment vécu le bonheur et un développement sans précédent avec tout son cortège de chômeurs, délinquants, de corruption et de trafics en tour genre. Tout cela à la vitesse TGV. Oui, pour certains le renouveau de la médiocrité est à nos portes, et le Messie est bien là pour instaurer une Ive République plus propre et libre

Faut il avoir encore confiance ? Ce n’est plus certain, répondent les militaires. Cependant des voix s’élèvent pour interpeller ces Messieurs de la politique : vous avez un devoir de convaincre, de communiquer et surtout de faire prévaloir qu’une élection libre, transparente et sans promesses démagogiques, bien préparée avec un bon projet de société dans les meilleurs délais est la seule chance de nous sortir de cette tragédie politique au plus vite… Les acteurs de tous bords seront les seuls responsables de l’aggravation de la souffrance de la population Malgache

* Bonaventure a publié cette réflexion dans Le courrier de Madagascar

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