Protection mondiale de la planète : L’Australie se désengage…
Au moment où «il faut agir localement en pensant globalement» les principaux émetteurs de gaz à effet de serre (7 pays dans le monde sont responsables de plus de 60% du réchauffement climatique) ne pensent qu’à leur intérêt économique en foulant des pieds certains accords mondiaux qui ont pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C.
L’Australie vient de supprimer la taxe carbone, mise en vigueur en juillet 2012, malgré une farouche opposition des groupes miniers australiens. Cette taxe carbone, qui a été proposée à la suite des accords de Kyoto, faisait partie d’une batterie de mesures qui avaient pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport au niveau de 2000, et de 80% d’ici à 2050. A l’issue d’un vote serré (39 voix contre 32), le Sénat australien vient donc de supprimer cette taxe carbone.
Décision qui n’est guère surprenante, car le Premier ministre australien actuel, Tony Abbott, a toujours qualifié de «sottises absolues» les études scientifiques attribuant à l’action humaine le réchauffement climatique… A cela il faut ajouter les faits que les Usa n’ont jamais voulu signer les accords de Kyoto, la Chine, pour raison de développement économique «accéléré», a longtemps été le principal émetteur mondial de gaz à effet de serre, ce qui lui a permis d’atteindre des taux de croissance à 2 chiffres. Ses émissions par habitant atteignent 7,2 tonnes de dioxyde de carbone, niveau comparable à celui observé dans les pays de l’Union européenne.
Le Canada a été le premier Etat à se retirer du Protocole de Kyoto, affirmant que cet accord «ne fonctionnait pas». En fait, au moment de son retrait, le Canada risquait de devoir verser des pénalités de 14 milliards de dollars, s’il restait signataire du Protocole. Tout récemment, à l’ouverture de l’université d’été du Parti socialiste, le ministre français de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Ségolène Royal, réaffirmait son opposition à la taxe carbone… Pourtant, le réchauffement climatique est aujourd’hui responsable de 300 000 morts par an et coûte 125 milliards de dollars (90 milliards d’euros ou 60 000 milliards de francs Cfa) chaque année, selon un rapport publié par le Forum humanitaire mondial, présidé par l’ex-secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan.
Cette étude, qui se présentait comme la première à avoir mesuré l’impact mondial du changement climatique, souligne que ce sont les 325 millions de personnes les plus pauvres de la planète qui sont le plus affectées. Elle relève, notamment, les difficultés du Bangladesh où des millions de personnes doivent affronter régulièrement des inondations et des cyclones, de l’Ouganda où les agriculteurs souffrent de la sécheresse, et de certaines îles des Caraïbes et du Pacifique menacées de disparition à cause de l’élévation du niveau de la mer. Or, les cinquante pays les moins avancés contribuent à moins de un pour cent des émissions mondiales de Co2, relève le rapport. «L’alternative est une famine de masse, une migration de masse, des maladies de masse, et des morts en masse», a averti Kofi Annan. Le réchauffement climatique est «la plus grande crise humanitaire en puissance de notre temps», a-t-il insisté. Selon ce rapport, vers 2030, les morts dus au réchauffement atteindront près d’un million par an et le coût montera à 300 milliards de dollars.
Au Sénégal, les conséquences du réchauffement climatique sont ressenties sur les zones côtières, avec une avancée de la mer qui menace les habitations et plusieurs sites touristiques, sources de rentrées de devises (Ile de Gorée, la Langue de Barbarie à Saint-Louis, etc.), la fréquence des inondations dues en partie à une pluviométrie plus importante, avec des conséquences dramatiques sur les populations obligées de se déplacer, la recrudescence des maladies hydriques, la disparition des forêts, entraînant une extinction de la faune et de la flore (exemple de la forêt de Bakel à Kidira), la raréfaction des ressources halieutiques. Aucun secteur n’est épargné par les conséquences du réchauffement climatique.
Au moment où «il faut agir localement en pensant globalement» les principaux émetteurs de gaz à effet de serre (7 pays dans le monde sont responsables de plus de 60% du réchauffement climatique) ne pensent qu’à leur intérêt économique en foulant des pieds certains accords mondiaux qui ont pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C. Les pays du nord, à travers les institutions financières qu’ils contrôlent, imposent aux pays du sud les bonnes pratiques en conditionnant certains financements (interdiction aux pays du sud de construire des centrales à charbon pour combler le déficit énergétique, refus de transférer les technologies vertes aux pays du sud, etc.).
Pour maintenir un réchauffement global inférieur à 2°C, il faudrait réduire de moitié le taux d’émission de Co2 et, pour cela, changer notre mode de vie. Il faudrait que chaque humain s’en tienne à 500 kilos de CO2 par an ; ce qui est très éloigné des 17,3 tonnes de Cu2 émis par un Américain par an, des 19 tonnes de Co2 émis par un Australien. Cinq cents kilos de Co2 par an, c’est l’équivalent de 750 litres d’essence, soit 5 000 kilomètres en ville avec une petite berline et cela ne prend pas en compte les émissions liées à notre habitat, comme la climatisation et le chauffage. C’est donc notre façon de consommer qu’il faudrait changer. Justement, cette taxe carbone «nous force à changer de comportement» en imposant des surcoûts financiers sur les produits à forte empreinte écologique et sur notre tendance au gaspillage.
Il serait temps aujourd’hui que les pays du sud se mobilisent pour imposer des sanctions à certains pays défaillants qui mettent en péril le devenir de notre planète ou alors … qu’ils se désengagent de toutes les obligations internationales. Notre force se trouvant dans l’unité, cela est possible.
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** Pr Adams Tidjani est fondateur de l’Institut des métiers de l’environnement et de la métrologie
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