Azawad : La misère des populations, ça suffit !
Au moment où Alger accueille un nouveau round des négociations sur le sort de l’Azawad, la condition des populations civiles azawadiennes doit être au cœur du débat. Meurtries, massacrées et surtout jetées sans discontinuité sur les routes de l’exil, il est temps de dire : ça suffit ! Il est temps d’en finir ! Voilà plusieurs années maintenant que le conflit dans l’Azawad perdure.
Depuis 1963, les populations du terroir – Touaregs, Songhaïs, Peuls et Arabes - en paient un prix trop élevé. Entre atrocités, crimes et violences diverses, la paix est devenue une chimère pour elles. A ceci, quand on ajoute les conditions sociales exécrables, notamment le retard de développement voulu par Bamako, on ne peut s’empêcher d’interpeller les dirigeants du Mnla qui vont parler en leur nom afin qu’ils prennent toute la mesure de la situation. Que va-t-on négocier réellement à Alger ?
Cette question, loin d’être banale, pose là un vrai débat sur l’avenir des populations de l’Azawad. Doit-on continuer à faire avec des demi compromis qui ne règlent pas la question de fond qui est : est-ce que l’Azawad doit devenir autonome ainsi que le souhaitent ses habitants ou continuer à être sous le joug du Mali qui a démontré, à plusieurs reprises, combien il n’attachait que peu de prix au bien-être et à l’équilibre de ces populations qui ne demandent qu’à vivre libres et dans la paix ?
Les négociateurs de l'Azawad doivent se mettre à l’esprit l’idée que, plus que leur propre posture et les poses officielles, à Alger doit se jouer l’ultime trame d’un drame qui n’a qu’assez duré et qui doit prendre fin enfin. Ils sont tenus à faire montre d’altruisme pour ne pas dire d’héroïsme face à la tentation de laisser les convenances primer sur la réalité. Car, dans la crise dite azawado-malienne, il y a cette fâcheuse manie, dans les négociations, à s’évertuer à colmater les brèches plutôt qu’à crever l’abcès.
La crise azawadienne, c’est d’abord des hommes et des femmes, vivant dans des conditions de précarité extrême et sous la menace d’une armée malienne prompte à s’adonner aux exactions et massacres, qui ne rêvent que de liberté. Des hommes et des femmes dont beaucoup, réfugiés partout dans le monde, qui n’espèrent qu’une vraie patrie pour retourner y vivre dans la dignité.
Aussi, les mouvements doivent faire triompher cette volonté forte de ces hommes et femmes de devenir une nation et de ne plus craindre d’être la cible de la barbarie rien que pour leurs nobles aspirations. Il est temps de faire cesser l’hypocrisie qui veut que l’on évite systématiquement les questions qui fâchent comme celle de l’indépendance de l’Azawad, que tout un peuple exige de toutes ses forces. Car si l’on tient vraiment à parvenir à une solution définitive à la crise, il faut que les vraies questions prédominent sur des artifices que proposent souvent des feuilles de route préfabriquées qui ont la fâcheuse manie de prescrire des palliatifs à la place des vraies cures et dont les résultats sont généralement un retour à la zone de départ.
Ce round des négociations doit être l’occasion de réfléchir sur les erreurs du passé. Car ces négociations doivent vraiment être les dernières et produire des solutions courageuses, audacieuses et définitives sur une histoire qui ne fait que se répéter parce que l’on passe le clair du temps à négocier un semblant de paix ; une paix qui ne dure que l’espace de quelques accolades artificielles devant les télévisions du monde alors que sur le terrain les frustrations et les raisons du conflit sont restées entières. Assez donc ! Le temps est venu de s’assumer et de laisser triompher la vérité !
Si les négociateurs de l’Azawad n’ont pas droit à l’erreur, la communauté internationale, qui soutient les négociations en cours à Alger, doit tout autant éviter de pousser les protagonistes à des fausses solutions. Elle doit considérer, dans ses approches, le fait que le peuple azawadien a manifesté à plusieurs occasions son désir d’être libre et indépendant. A ce sujet, la France, ancienne puissance colonisatrice, doit se montrer neutre en considérant que les azawadiens ont droit, comme d’autres peuples du monde avant eux, à s’autodéterminer. C’est un droit consacré par plusieurs instruments juridiques internationaux, notamment la Déclaration universelle des Droits de l’homme.
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