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Pambazuka Press est heureux d’annoncer la publication du livre «La vérité aux puissants: une sélection de cartes postales africaines». Recueil des célèbres chroniques du mardi que publiait le regretté panafricaniste Tajudeen Abdul-Raheem, il est disponible au prix de 14.95 £ sur le site www.pambazukapress.org (http://bit.ly/evMSYn). «La vérité aux puissants» ravive le style inimitable, la finesse intellectuelle et l’humour irrépressible de Tajudeen. L’article ci-dessous est la préface du livre, écrite par l’ancien secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine, Salim Ahmed Salim, en hommage à l’énorme contribution de Tajudeen au Panafricanisme.

C’est pour moi à la fois un honneur et un privilège d’avoir été sollicité pour écrire une préface à cette indispensable collection de cartes postales panafricaines du regretté Dr Tajudeen Abdul-Raheem, activiste, chercheur, chroniqueur, militant et panafricaniste par excellence, d’origine nigériane.

Né le 6 janvier 1961 à Funtua, dans l’Etat de Katsina, au Nigeria, Tajudeen a trouvé la mort dans un tragique accident de voiture sur la route de l’aéroport à Nairobi, au Kenya, le 25 mai 2009, jour de la commémoration de la libération de l’Afrique.

Il a obtenu son diplôme en Sciences politiques avec mention Très bien et félicitations du jury, à l’université Bayero de Kano. Après son service national des jeunes, Tajudeen a reçu une prestigieuse bourse Rhodes et s’est rendu à l’université d’Oxford où il a obtenu un Doctorat.

Sorti d’Oxford, des choix de carrières illimités s’offraient à lui, mais fort de sa détermination, il n’a jamais failli à ses objectifs. Il a choisi de rentrer pour apporter sa contribution à la reconstruction du continent africain. En 1992, Tajudeen a été nommé secrétaire général de l’organisation du 7e Congrès panafricain à Kampala, en Ouganda. Le congrès qu’il a organisé en 1994, avec des délégués venus de 47 pays, s’est avéré l’un des plus grands et des plus dynamiques rassemblements de panafricanistes depuis de nombreuses années. Bien que portant sur le thème «Afrique : faire face à l’avenir dans l’unité, le progrès social et la démocratie», le congrès a été éclipsé par le génocide qui se déroulait alors au Rwanda.

Tajudeen a accompagné une délégation du Mouvement panafricain au Rwanda pour un état des lieux, mais la délégation est tombée dans une embuscade près de Kigali et il a eu la chance de s’en sortir indemne. A la suite du Congrès panafricain de 1994, Tajudeen est resté engagé et dévoué aux causes panafricaines. Il s’est servi de son poste de secrétaire général du Mouvement panafricain mondial pour inspirer toute une génération d’Africains et d’africanistes. Il insistait sur le fait que l’effort panafricain devait se coordonner à partir du sol africain. Son travail avec le Mouvement panafricain comportait des voyages à travers le continent, ainsi qu’aux Amériques et aux Caraïbes. Partout où il se trouvait, Tajudeen s’identifiait toujours aux préoccupations de la communauté locale.

Le dernier poste occupé par Tajudeen a été celui de directeur adjoint de la Campagne du millénaire des Nations unies pour l’Afrique. Depuis ce poste, il veillait fidèlement sur les efforts pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à travers le continent – il s’entretenait avec des présidents, des dirigeants, des étudiants, des jeunes, des groupes de femmes et des Africains « ordinaires ». Il était dévoué à la cause de cette campagne.

Tajudeen prenait le taureau par les cornes ; pour lui il n’y avait pas de vache sacrée, et il pouvait se montrer un critique féroce, même envers ses amis et camarades les plus proches. Avant sa mort, il travaillait sur un récit historique et une analyse politique de quelques mouvements de libération africains et leurs égarements.

Il prenait à partie de façon audacieuse et sans gants les dirigeants africains qui n’avaient pas le courage de leurs convictions, allant jusqu’à aborder les questions en public avec eux.

Ce qui ne cessera jamais d’étonner les amis, les camarades et les connaissances de « Taju », c’est comment il trouvait le temps d’écrire. C’était un auteur prolifique qui écrivait une chronique régulière, la « Carte postale du jeudi », publiée dans de nombreux journaux, notamment le Daily Trust du Nigeria et Pambazuka News. Taju est resté fidèle à sa vocation de politologue et de penseur politique.

Même mort, Tajudeen continue de parler et d’être reconnu pour ses immenses contributions au développement du continent. La prochaine génération ne verra pas Tajudeen en grandissant, et nous devons donc oeuvrer ensemble à la création d’une société telle que nous pourrons dire à cette génération : voici le monde que Tajudeen a aidé à bâtir. Peut-être que si nous prenions un moment pour réfléchir sur le conseil le plus connu et le plus catégorique parmi ceux que Tajudeen a donnés, nous y trouverions des leçons qui nous interpellent encore, nous en tant qu’individus, mais nos pays et notre monde d’aujourd’hui aussi : c’est la signature de son courrier électronique – « Ne vous tourmentez-pas ! Organisez-vous ! »

La publication de ce livre est un pas important pour assurer le maintien de l’héritage de Tajudeen. Il devrait être une lecture essentielle pour tous les activistes panafricains et pour tous ceux qui aspirent à un monde basé sur les principes de justice et de liberté pour lesquels Tajudeen s’était tant engagé.

* Le Dr Salim Ahmed Salim a été Premier ministre de la Tanzanie (1984–1985), secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (1989–2001) et envoyé spécial de l’Union africaine sur le conflit au Darfour (2005–2008). Il est actuellement président de la Fondation Mwalimu Nyerere et membre du Groupe des sages de l’Union africaine.

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