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L’essayiste français Gaël Brustier a récemment publié un petit livre qui remet au goût du jour la pensée de l’écrivain italien Antonio Gramsci, pour appeler à un renouveau de la gauche française et plus largement celle européenne. A la lecture de ce coup de pied dans la fourmilière des idées complaisantes et des récupérations opportunes, publié aux éditions du Cerf, dans la collection « Le poing sur la table », l’exercice d’une comparaison avec la situation actuelle de la gauche sénégalaise s’est imposé de lui-même.

La prise en compte du pragmatisme gramscien disant que chacun d’entre nous est philosophe, est doué de raison, construit sa propre morale, sa propre conception du bien et du mal, sa propre éthique, demeure un préalable à l’élaboration de toute stratégie de libération des masses populaires quel que soit l’endroit du monde d’où l’on parle.

L’urgence de relire Gramsci est même peut-être plus évidente chez nous qu’ailleurs tant le marasme des idées est grand dans le débat public, remplacées qu’elles sont par des concepts qui s’apparentent plus à un prêt à penser creux. La promotion du front culturel, à côté des fronts économique et politique, évoquée par Brustier rappelant l’une des thèses centrales de l’œuvre de l’auteur italien est plus que jamais nécessaire.

Brustier nous rappelle que pour Gramsci les gens ne sont pas exclusivement victimes de « fausse conscience », c'est-à-dire de croyances dressées comme des rideaux de fumée devant une vérité que l’on voudrait leur dissimuler. Le peuple n’est pas aveugle et la meilleure communication ne lui fera pas signer un projet auquel il ne croit pas. Le combat consiste donc pour ceux qui, sous nos cieux, veulent faire la politique autrement - loin de la trahison des élites, de la confiscation de la volonté populaire, de la compromission avec les milieux d’affaires et de la capitulation face aux politiques imposées par les « partenaires au développement » - pas seulement à faire part d’une éthique présentée comme étant la panacée, comme c’est souvent le cas depuis quelques années, mais à trouver le moyen de faire de l’éthique en politique un rêve atteignable pour un mieux être pour tous.

Le consentement ne se gagne pas à coup de : « je suis une personne imbue de valeurs et d’une grande probité morale et intellectuelle » mais avec un discours qui se rapproche plus de : « mes valeurs sont au diapason des vôtres, unis nous pourrions en faire la base d’une action permettant de renverser des montagnes ». C’est en cela que le mouvement espagnol Podemos, dont il est question dans le livre, a réussi quelque chose d’extraordinaire. Dans un texte intitulé « Leçon de stratégie politique à l'usage de ceux qui veulent changer le monde », qui est en fait la retranscription d’une intervention de Pablo Iglesias par Tatiana Ventôse dans son blog sur le site français Mediapart, le leader de la gauche radicale espagnole explique comment et pourquoi le discours politique doit, sans perdre de sa substance, être adapté à l’imaginaire, aux pensées, aux aspirations des personnes à qui il est adressé. Car l’hégémonie culturelle si chère à Gramsci ne s’impose pas par magie. On ne s’adresse pas à un peuple en lui disant : « je veux vous aider mais vous ne comprenez rien à ce qui vous arrive et à ce que je vous explique pour pouvoir en sortir ».

Comme le dit Iglesias « (…) la politique n'a rien à voir avec le fait d'avoir raison. Vous pouvez avoir la meilleure analyse du monde, comprendre les processus politiques qui se sont déroulés depuis le seizième siècle, savoir que le matérialisme historique est la clé de la compréhension des mécanismes sociaux, et vous allez en faire quoi, le hurler aux gens ? « Vous faites partie de la classe ouvrière, et vous n'êtes même pas au courant ! ». L'ennemi ne cherche rien d'autre qu'à se moquer de vous (…) Parce que les gens, les travailleurs, ils préfèrent l'ennemi plutôt que vous. Ils croient à ce qu'il dit. Ils le comprennent quand il parle. Ils ne vous comprennent pas, vous. Et peut-être que c'est vous qui avez raison ! Vous pourrez demander à vos enfants d'écrire ça sur votre tombe : « il a toujours eu raison – mais personne ne le sut jamais ».

En étudiant les mouvements de transformation qui ont réussi par le passé, on se rend compte que la clé du succès est l'établissement d'une certaine identification entre votre analyse et ce que pense la majorité ». C’est aussi ce que dit Mandiaye Gaye, l’une des figures de la gauche sénégalaise, à savoir qu’elle n’a pas su asseoir « les fortes et généreuses idées progressistes qu’elle prône et propage à travers le pays dans le but de pénétrer les masses ». Il met cela d’abord sur le compte de « sa division en plusieurs mouvements autonomes aux options stratégiques différentes » pour finir par constater que le discours en direction de ces masses apparait comme inaudible. Or, il faut se rappeler l’une des grandes leçons de Marx : « lorsqu’une idée transperce les masses, elle devient révolutionnaire ».

Il en est de même pour la société civile. Sa réunion avec la société politique à qui elle est censée donner les instruments pour convaincre n’est efficace que si elle est basée sur un ancrage populaire certain du discours couplé à l’action.

Dans un pays comme le nôtre, où la gauche n’a jamais réellement exercé le pouvoir - les politiques menées par le Parti socialiste entre 1960 et 2000 ne pouvant être qualifiées ainsi - ces instruments doivent être questionnés : comment convaincre et persuader ? Les forces de gauche, depuis la clandestinité du temps du parti unique et du multipartisme contrôlé, ont ainsi fait office aussi de société civile agissante. On note d’ailleurs que la société civile structurée actuelle est en grande partie composée de figures de cette gauche qui se sont coupées de la gauche politique lorsque celle-ci dans sa majorité a commencé à entrer dans des coalitions gouvernementales et à abandonner petit à petit sa ligne directrice originelle.

Contrairement à la gauche française, la gauche sénégalaise, est plus dans la conquête que dans la reconquête : elle n’a en effet jamais gagné la bataille de l’hégémonie culturelle.
Or ,« pour atteindre la société des idées doivent se propager au sein des corps qui la composent », nous dit Brustier à la suite de Gramsci. La gauche sénégalaise n’a jamais réussi à former ce que Gramsci appelle « un bloc historique », c’est-à-dire une adhésion de classes sociales différentes à un même projet politique correspondant à un niveau d’évolution donné du système économique. Chez Gramsci, ce bloc doit être porté par un groupe appelé « dirigeant » composé de leaders s’appuyant sur des « groupes auxiliaires ». Au deux premiers niveau de la pyramide s’ajoutent les « intellectuels organiques » dont la mission est de convaincre les masses prolétarisées d’adhérer au projet proposé par la classe dirigeante coalisant ainsi un maximum de groupes sociaux autour du projet politique. Ici, d’intellectuels organiques, il y en a eu mais qui n’ont pas su parler le langage des masses dans cette phase de conquête du pouvoir que Gramsci appelle « la guerre des positions » entre les différents courants ou bords politiques.

Autre postulat de l’hégémonie culturelle : les mouvements idéologiques sont liés au contexte politique. En effet, si rassembler autour d’un projet politique est la chose que ne sait plus faire le Parti socialiste français - le constat est valable pour les socialistes d’autres pays européens - on a envie de dire que rassembler autour d’un projet politique est la chose que n’a jamais su faire la gauche sénégalaise. En France et en Europe la gauche fait face au grand capital et à la dictature du marché. Ici, ces mêmes adversaires sont assis sur un héritage néocolonial dont les relais internationaux et les auxiliaires locaux dominent la bataille de l’hégémonie culturelle en faisant efficacement passer pour irrémédiable aux yeux de l’opinion, à grand renfort de médias domestiqués ou manipulés et de représentants du pouvoir religieux et traditionnel souvent complices, leur système d’exploitation des masses et de pérennisation des inégalités.

Certaines œuvres artistiques témoignent de cet échec. Si dans son livre, Brustier prend l’exemple du film « La loi du marché » pour corroborer ses dires, nous pouvons nous rappeler du film « Guélewar» de Sembène pour ramener cela aux réalités locales et en faire de même. Ce film est en effet un réquisitoire contre l’outil néocolonial qu’est l’aide au développement, contre la trahison des élites face à la perpétuation de ce système de domination auquel les masses finissent par adhérer faute d’alternative crédible, contre la corruption ambiante, contre la patrimonialisation de la gestion des fonds publics. La victoire du néolibéralisme sur la gauche française et européenne peut-être corrélée avec celle de ce même système néolibéral incarné par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international à travers les ajustements structurels des années 1980 et 90, sur le nationalisme des mouvements sénégalais de gauche. Ces plans dits d’ajustements structurels docilement exécutés par le Ps du président Abdou Diouf, qui réduisaient à leur plus simple expression les investissements dans les secteurs tels que la santé, l’éducation, l’agriculture vivrière, les infrastructures pour imposer l’austérité budgétaire, la cession d’entreprises nationales à des capitaux privés étrangers et l’agriculture commerciale notamment, dans des pays où tout était à construire, ont littéralement mis à sac le tissu social et leurs effets se font ressentir aujourd’hui encore.

Les hommes politiques de tout bord ne semblent, quant à eux, plus croire aux idées. Ici il ne s’agit pas d’une gauche qui aurait abandonné les idées à la droite ou d'une usurpation droitière mais d’un marasme idéologique total. La guerre des positions se traduit par une course aux petites combinaisons politiciennes, à la « transhumance » qui veut qu’une fois arrivé au pouvoir, on débauche le maximum de responsables du camp d’en face que les électeurs venaient pourtant de sanctionner. On est plus dans l’arithmétique partisane faite de petits calculs politiciens, de compromissions avec des milieux d’affaires, assaisonnés de promesses chimériques pour se faire élire ou réélire que dans une bataille élaborée des idées sur des visions politiques, économiques, culturelles différentes.

L’anti-intellectualisme qui occupe le champ politique ailleurs a aussi envahi l’espace sénégalais même si les intellectuels - ceux qui ont une œuvre et des convictions à défendre, une vision à transmettre - souvent plus observateurs qu’acteurs, y sont, eux-mêmes, pour beaucoup. Ce qui reste d’intellectuels organiques (ceux qui n’ont pas été caporalisés par les régimes successifs) demeurent, comme souligné supra, inaudibles, incapables de faire une traduction de leurs idées qui puisse transporter les masses. Car ici comme là bas, il y a un manque d’intellectuels capables d’imprégner le « sens commun » à l’image de ce que dit Raymond Aaron dans « Le Marxisme de Marx » : « la force de l’œuvre de l’auteur du Capital est de pouvoir être expliquée en « cinq minutes, cinq heures, cinq ans ou en un demi-siècle ».

Et de la même manière que les élites socialistes occidentales furent les intellectuels organiques au sens gramscien du néolibéralisme, les élites de la gauche sénégalaise voire africaine récupérées furent et sont encore les intellectuels organiques de l’hégémonie culturelle néocoloniale et libérale.

Les mouvements de gauche sénégalais se sont, pour la plupart, appuyés sur un marxisme quasi dogmatique ayant même parfois une compréhension tronquée de la pensée de Marx notamment sur le rapport à la religion. Toutefois, après avoir bien étudié Marx, s’en détacher un peu pour donner une place aussi petite soit-elle à Gramsci dans la lutte aurait permis, là où le philosophe allemand doute, par exemple, de la capacité d’organisation révolutionnaire des paysans, à se munir des bons outils pour faire de ces derniers qui constituaient l’écrasante majorité de la population, l’élément central du combat pour l’émancipation.

« Etre à l’écoute des sociétés civiles des autres pays, dit Gramsci, ce n’est pas les inventer ou les formater. Au contraire c’est prendre la mesure du temps propre à chacune d’elles, sans lui calquer des schémas qui correspondent à d’autres processus historiques ». Il aurait certainement fallu méditer cette leçon gramscienne pour bâtir le socle d’un socialisme à la sauce locale au-delà du « socialisme spirituel » senghorien qui se voulait porteur d’un combat culturel sans en tirer toutes les conséquences.

Ainsi, théorisant l’historicisme, Gramsci attire l’attention sur la nécessité de ne point occulter le contexte propre à chaque société. Le côté anti clérical des marxistes sénégalais et africains pouvait, par exemple, difficilement faire le lit d’un sens commun avec des masses très croyantes. Vu sous cet angle, le père de l’indépendance du Sénégal, le président Senghor, a été lucide en essayant de promouvoir un socialisme spirituel africain. Comme l’affirme le philosophe Souleymane Bachir Diagne : «Senghor a construit sa philosophie du socialisme sur la rencontre entre Marx et une tradition africaine faite de philosophie vitaliste et de communautarisme (…) il a organisé une doctrine de la voie africaine du socialisme ». Seulement sa posture de président social-démocrate (très proche et sous l’influence de ses parrains de la droite française pendant les 15 premières années de sa présidence avant d’opérer un rapprochement avec la gauche pour intégrer l’International socialiste), faisant le jeu des cercles d’affaires locaux et des intérêts de l’ancien colonisateur, ne lui permettra pas d’aller au bout de sa logique consistant à jeter les bases de l’érection d’un véritable Etat stratège et d’une réelle souveraineté économique et culturelle. Il n’a jamais voulu amorcer une rupture véritable vis-à-vis de l’ordre colonial établi. Aussi utilisera-t-il beaucoup des mesures contraires aux libertés démocratiques mais aussi la religion pour faire échec à la gauche nationaliste qui s’opposait farouchement à sa politique empreinte de clientélisme, souvent dans la clandestinité. Il suffisait parfois aux relais du président-poète de présenter aux masses les intellectuels organiques de son opposition comme étant athées pour que ces dernières se détournent à la fois de l’émetteur et du message qui se voulait émancipateur.

Cette gauche aurait dû comprendre que parlant de nationalisme, par exemple, la figure de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme emprisonné puis exilé pour avoir résisté, de manière non violente, à l’hégémonie coloniale, était opposable à celle du colonisateur parti sans partir. Un discours inspiré de ce nationalisme là aurait plus été en droite ligne du sens commun des masses. L’ancien président socialiste du Conseil, Mamadou Dia, qui avait posé les bases d’une souveraineté économique adossée à la libération des forces paysannes au lendemain de l’indépendance avant de se retrouver en prison, en 1962, suite aux divergences l’opposant alors à Senghor, l’évoquait, en 1957, en des termes clairs, dans une perspective gramscienne du combat culturel : « Pour nous Sénégalais, pour nous nationalistes sénégalais, le pèlerinage de Touba n’est pas, bien évidemment, une affaire politique électorale. Ce n’est pas non plus le simple accomplissement d’un rite ordinaire. Plus que tout cela, et au-delà de toutes les petites préoccupations immédiates, Touba est pour nous, à travers les années, et dans la longue marche que nous avons entreprise, une référence fondamentale. Car le mouridisme est une création originale, dont le fondateur est un Saint pas comme les autres. Ahmadou Bamba nous apparaît, avant tout, comme le marabout dont la vie, l’œuvre, la doctrine se sont définies en s’opposant, parfois durement, à toutes les influences étrangères et se sont exprimées dans une création toute nouvelle et purement africaine (…) A ce titre, l’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement national ».

De la même manière - Brustier le note également - qu’aujourd’hui, le Pape François est un « héros gramscien » dans le sens où par sa manière d’être, d’agir et par son discours, il parle au sens commun des démunis du monde entier mieux qu’aucun homme politique ou intellectuel.

Ainsi le concept de « gauche manichéenne » de Michael Berube, applicable à la gauche américaine, l’est aussi à celle sénégalaise qui souvent a fait fi du contexte de la lutte. Elle n’a pas su développer un discours qui fasse écho à l’expérience quotidienne des citoyens. Abdoulaye Wade libéral assumé, a, durant ses 26 ans d’opposition au Parti socialiste, plus été dans le sens commun que les leaders de l’opposition de gauche. Et de la même manière que le Parti socialiste au pouvoir à l’époque, inféodé d’abord aux officines de la Françafrique puis aux institutions de Bretton Woods, a récupéré des intellectuels de gauche, Wade est arrivé au pouvoir en 2000, grâce, en partie, au soutien de la gauche dont les membres les plus éminents étaient devenus des sortes d’intellectuels organiques de son mouvement. Ces derniers élaboraient la stratégie et Abdoulaye Wade se chargeait de sa traduction dans un langage pouvant emporter le consentement des électeurs.

Si la gauche française peine à comprendre la nouvelle génération de prolétaires, celle sénégalaise aussi. Il s’y ajoute que cette dernière, malgré la bonne volonté et les convictions chevillées au corps de ses animateurs, parfois de brillants intellectuels, n’avait pas plus compris l’ancienne génération. La gauche sénégalaise semble, comme la gauche française que peint Brustier, coupée des nouveaux rapports de force, des nouvelles mutations idéologiques, d’un peuple qu’elle cherche désespérément.

Podemos a fini de le démontrer en Espagne, gagner la guerre des positions implique de renoncer à la pureté idéologique pour se concentrer sur l’action et le sens commun. Mais renoncer à la pureté idéologique ne saurait signifier, comme ont fini de le faire certains, être à la remorque de régimes dont les options entrent en contradiction avec vos convictions d’hier. Il s’agit de rechercher la plus grande efficacité dans la mise en œuvre de stratégies dont le but est d’apporter du bien être à tous et surtout aux plus démunis.

Si le discours de Podemos s’est construit contre l’austérité, il faut définir ce contre quoi doit s’articuler le discours de la gauche sénégalaise pour d’une part en finir avec les concepts inaudibles pour les gens normaux et de l’autre sortir de cette éternelle logique de large alliance incluant des forces qui, à la faveur de leur gestion du pouvoir ou de leurs entrées dans des gouvernements successifs (Ps et autres), ont renoncé aux idéaux de gauche. Une véritable force de gauche tirant racine des préoccupations populaires et trouvant un discours audible pour ces masses populaires devrait avoir, vis-à-vis du Ps sénégalais, le même rapport que celui qu’entretient Podemos avec le Psoe espagnol. Son discours devrait être bâti, entre autres, contre le modèle, l’histoire et l’héritage de ce parti social-démocrate d’apparatchiks qui, sur le plan des idées surtout, peine à se renouveler. Ses alliés devraient être toutes ces forces vives qui, sans forcément se réclamer de gauche, partage ses idéaux et sont à la pointe du combat visant à abréger les souffrances de la majorité des citoyens.

Il faut comme le suggère l’auteur de « A demain Gramsci », accepter de faire le travail consistant à construire l’intérêt des dominés, du peuple, des prolétaires culturellement, socialement, politiquement. Surtout qu’une vraie production intellectuelle allant dans ce sens existe au Sénégal, de Cheikh Anta Diop hier à Ndongo Samba Sylla aujourd’hui en passant par Amady Aly Dieng, Sémou Pathé Gueye, Mamadou Lamine Diallo, Sogué Diarisso, Demba Moussa Dembélé, Cherif Salif Sy, Felwine Sarr, entre autres.

Pablo Iglesias traduit cette préoccupation par la mise en œuvre d’une « réforme intellectuelle et morale » articulée autour d’un clivage « peuple contre caste ». On ne peut aussi qu’être en phase avec Brustier lorsqu’il écrit : « en se focalisant sur les indicateurs économiques, la social-démocratie oublie qu’une grande part du combat politique relève de la vision du monde, de l’imaginaire collectif lié à l’expérience quotidienne concrète de chacun. Rompre le lien entre les questions économiques d’une part et la question des idées d’autre part, c’est ne rien comprendre à la manière dont une société se meut dans l’histoire ».

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** Racine Assane Demba est Coordinateur de la rédaction chez Intelligences Magazine - Responsable de la Communication Think Tank Adi

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