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Si c’est uniquement dans l’objectif de mettre en exergue la décision personnelle et l’engagement volontariste du président Macky Sall de ramener son mandat de 7 à 5 ans, ses initiateurs s’y sont très mal pris dans la fixation de la date du référendum.

« Les sénégalais seront appelés aux urnes en 2016 pour se prononcer sur la réduction ou non du mandat du président Macky Sall de 7 à 5 ans. » Cette annonce, telle qu’elle est intitulée, supposerait que la raison fondamentale de ce référendum est effectivement la réduction du mandat présidentiel, alors que ceci n’est qu’un élément qui est justement compris et réglé dans un ensemble global cohérent que constituent les réformes institutionnelles souhaitées, avec une nouvelle Constitution que nous propose la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), présidée par Pr Amadou Makhtar Mbow.

Alors, cet élément formulé comme cité plus haut, c’est exactement, comme si le président donnait plus d’importance à la réduction du mandat présidentiel, qu’à la réforme fondamentale des institutions de la République et au projet d’une nouvelle Constitution. Au demeurant, une nouvelle Constitution qui dépasserait positivement et en tout ce que nous avons connu jusque-là au plan des institutions, de la démocratie, de légalité des citoyens, de la justice sociale et du respect des libertés fondamentales des citoyens, sans aucune discrimination.

Voilà pourquoi il est incohérent, à mon avis, de procéder de la sorte, si vraiment l’intention, c’est de vouloir bien faire. Parce que l’objet de la durée du mandat présidentiel est bien compris et réglé dans cette œuvre complète formant un tout cohérent, qui est le projet de Constitution à soumettre au référendum. Mais dès lors, à quelle fin objectivement ou pour quelle raison, les rédacteurs cherchent-ils à mettre en évidence cet élément hors de son contexte ?

Si c’est uniquement dans l’objectif de mettre en exergue la décision personnelle et l’engagement volontariste du président Macky Sall, notamment le fait de ramener son mandat de 7 à 5 ans, ses initiateurs s’y sont très mal pris ; plus que de raison. Et une telle démarche manque de pertinence à bien des égards. En plus, elle est maladroite et passe complètement à côté. Je pense que le président de la République doit enfin rompre, définitivement, avec certaines pratiques de politique politicienne de son prédécesseur qui n’ont pas prospéré et ne militent pas en faveur d’une bonne gouvernance démocratique, efficiente, efficace et vertueuse. Et s’il veut effectivement respecter ses engagements comme il le déclare, il doit agir avec courage et responsabilité pour être en phase avec ses engagements et sa lettre de mission à la Cnri.

Il peut certes, parce que c’est dans ses prérogatives, faire ses observations et même apporter ses amendements sur le document. Mais, après avoir fait cela, il doit, dans les meilleurs délais, prendre en considération les conclusions cohérentes et pertinentes de la Cnri avec le projet de Constitution. Parce que c’est une œuvre collective d’une équipe d’experts en qui il avait placé toute sa confiance. Ensuite, à qui il avait demandé de lui proposer, conformément à des termes de référence précis, des institutions démocratiques, fortes, crédibles, fiables et pérennes en vue de la consolidation et d’une avancée significative de notre démocratie, déjà tant vantée ailleurs.

Voilà ce qui correspond tout à fait, en ce moment, aux vœux et à l’attente de la plupart des citoyens qui l’ont porté au pouvoir. Bien entendu, au-delà, il y a cette autre exigence des citoyens épris de justice sociale, soucieux d’un Etat de droit et d’éthique, qui est la traque des biens mal acquis et de l’enrichissement illicite ; mission qui doit être menée fermement jusqu’à son terme, sans faiblesse coupable ni cruauté inutile.

Cela dit, pourquoi la date du référendum relative à la réforme des institutions est fixée arbitrairement en 2016 et non en cette année 2015 qui constitue le moment le plus approprié à deux ans à peu près de l’élection présidentielle ? Car il laisse assez de temps et le soin à l’Etat, après la consultation et l’adoption par le peuple, de mettre méthodiquement en place les nouvelles institutions. Le choix de cette date imprécise de 2016, prise au pif, est à déplorer et est vraiment incompréhensible, parce que sans aucune consultation préalable avec les autres acteurs et segments de notre société, pour arriver à une date consensuelle, même minimale.

Mine de rien, cela peut bien susciter des doutes légitimes auprès de certains citoyens de bonne foi, qui ne trouvent aucune raison majeure objective et valable pouvant justifier ce choix. Et on peut se poser légitimement les questions, à savoir : n’y a-t-il pas des non-dits, des intentions inavouables, des raisons politiciennes dissimulées, etc. ? En tout état de cause, on pourrait penser que le choix n’est pas innocent, au cas où l’Etat persisterait à maintenir à tout prix le choix de cette date, pour la consultation du peuple.

Ainsi et justement, pour lever toute équivoque, le président Macky Sall doit revenir sur le choix de cette date. Et par ailleurs, étant donné qu’il veut donner un gage de confiance aux Sénégalais, comme il le semblerait, il doit y mettre les formes en recueillant des avis pour une date plus rapprochée, opportune et consensuelle. De même, comme il a réitéré sa volonté de respecter ses engagements et donner au peuple le dernier mot pour trancher, il doit le faire dans les meilleures conditions optimales, qui mettront à l’aise tous les citoyens. Et non, d’attendre la dernière heure ou dans un temps limite et étriqué, pour organiser la consultation du peuple dans la précipitation et l’impréparation.

Nous sommes, en cette année 2015, dans une période idéale et favorable pour organiser tranquillement un référendum en bonne et due forme, parce qu’aucune élection n’est en vue ou en préparation. Comme il l’avait proclamé dès son élection, à savoir que « rien ne doit plus être comme avant », et pour lier l’acte à la parole, le président doit rompre avec les méthodes informelles et douteuses, comme celles de l’ère des prises de décisions unilatérales dans les cas d’espèce, comme ceux de la réforme fondamentale des institutions et la consultation du peuple sur les questions majeures. Dès lors, il est par conséquent temps et urgent d’innover dans les méthodes, en cherchant autant que peut se faire, par consultation, le consensus dans la prise de décisions.

Enfin, puisque nous en avons fini avec ce procès qui monopolisé inutilement tout le pays autour de lui, il faut maintenant s’attaquer aux urgences nationales de développement et aller à l’essentiel. Nous avons assez perdu de temps dans la politique politicienne, donc, il faut mettre fin à la récréation.

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** Mandiaye Gaye est observateur et analyste de la politico-sociale sénégalaise

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