LLe singe et le chat sont allés cueillir des marrons en brousse. Au retour, ils décident de griller leurs marrons. Mais au moment de sortir les marrons du feu, le singe se saisit de la patte du chat pour extraire ses fruits et les manger. L’armée burkinabé a fait même moins que le singe de notre conte. Puisqu’ il n’est même pas allé cueillir les fameux marrons ensemble avec le peuple.
Dans la tragédie grecque, quand l’histoire vient à être bloquée dans son cours, le dramaturge peut recourir au procédé appelé deus ex machina, c’est à – dire, le dieu sorti de la machine. C’est-à-dire, que sur la scène, on apportait le « dieu » à l’aide d’une grue ou d’un cheval de Troie par exemple, afin qu’il résolve la crise. Cela avait toujours l’allure de l’effet inattendu, comme un peu forcé au regard du fil de l’histoire, procédé artificiel s’il en est. L’histoire glorieuse de la révolution du peuple contre le système obsolète de Blaise Compaoré coinçait un peu dans sa chevauchée, avec un Blaise Compaoré s’autoproclamant le leader d’une transition qu’il n’a ni provoquée ni même voulue.
Ce point de vue supporte la thèse selon laquelle l’irruption des militaires sur la scène politique, eux qui ont eu tout le temps d’être muets (étant de la Grande muette), pendant que Blaise multipliait les foutaises à l’ encontre du peuple, apparaît comme le dieu sorti de la machine dans le déroulement normal des choses, comme un cheveu dans la soupe de notre transition, diront certains.
Que ce soit les militaires qui dirigent tout aujourd’hui, voilà qui blesse la logique de l’histoire de la résistance contre le pouvoir impopulaire jonché de morts et de crimes économiques de Blaise Compaoré. En mooré, on dira, « a pa lebr beye, rawa ». Il y a quelque chose qui cloche et il faut le dire maintenant, pas après. Il sera trop tard.
Aider au maintien de l’ordre, oui, mais jouer les grands rôles, il y a des risques que plus ça change, plus c’est la même chose. Ou même que rien n’a changé car c’est le fond qui intéresse ce peuple qui s’est jeté à corps perdus sur un régime qui ne faisait pas mystère de mater la révolte populaire dans le sang. C’est pourquoi le peuple aurait tort de signer un chèque en blanc à notre armée.
Du reste, le combat du peuple contre Blaise Compaoré n’était pas un combat pour libérer l’armée qui avait les moyens de sa propre libération, puisque le peuple avait les mains nues pour la sienne. La victoire du peuple ne saurait être détournée par l’armée. Même si le lépreux n’arrive pas à soulever de foie de bœuf qui lui revient de droit, c’est quand même son foie à lui, pas à celui qui a ses dix doigts au complet.
L’armée est-elle celle qui a le contrôle et qui doit avoir le contrôle de l’initiative dans les événements qui ont cours à Ouaga ? Je n’ai nullement envie de faire une dichotomisation entre civils et militaires dans cette lutte où chacun pouvait jouer un rôle, l’armée ayant choisi de jouer le sien quelque peu sur le tard. Je félicite les forces de l’ordre pour avoir su qu’ils avaient affaire à des Burkinabè comme eux, même si certains ont mis un zèle inutile à faire leur devoir.
Je célèbre à sa juste valeur l’avancée engrangée pour tout le peuple. Mais sans vouloir jouer au rabat-joie, j’ai des questions auxquelles je n’arrive pas à répondre tout seul. Le changement positif et durable se réalise dans l’anxiété, pas dans l’euphorie. Excusez « le » Cassandre que j’incarnerai ici. Dépassons l’euphorie bien méritée certes, mais qui, si on n’y prend garde, confine souvent à dormir sur nos lauriers.
Reconnaissons-nous que Blaise a violé notre Constitution en pensée, en parole, en action, en commission comme par omission, ce qui a provoqué la mort d’innocentes personnes, sans parler des angoisses qu’il a créées au peuple de l’intérieur comme de l’extérieur, oui ou non ? Oui, il a violé la constitution et dans le sillage de ce viol, il a même fait tuer des Burkinabè qu’il a l’obligation constitutionnelle de protéger.
On me dira que Blaise avait l’intention mais que de l’intention à l’acte il y a un fossé, qu’il y avait comme une distance de la coupe aux lèvres. Mais il y a là problème, tout de même. « Oun do nan , oun ma’ an taa » (je suis entré dans ta chambre à ton absence mais je n’ai rien pris, encore que des vies aient été enlevées !).
Si vous surprenez un intrus dans votre maison et que celui ci dit qu’il est entré dans votre chambre mais qu’il n’a rien pris, quelle sera votre réaction ? L’embrasser et l’encourager à continuer sa route ? Il faisait quoi, là-bas, dans votre chambre en premier lieu ? Des Burkinabè sont morts ; cette mort n’était pas nécessaire. Blaise l’a vu venir mais n’a rien fait pour l’empêcher, il l’a même encouragée. Il s’est dit dans son for intérieur « mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance ». Comme Gbagbo (qui n’est pas pire que Blaise, à regarder de près) qui se trouve être un héros en comparaison à Blaise le conseilleur, mais jamais celui qui daigne danser au rythme de sa propre musique moralisatrice.
Comme un épervier, il a voulu s’emparer de notre Constitution et prendre le large avec, quel qu’en soit le prix. Mais nous avons poussé des cris d’orfraie, nous avons même usé de tous nos projectiles en notre possession et il a lâché notre Constitution, du haut de sa tour d’ivoire, comme un épervier lâche un poussin depuis les airs seulement quand il y est contraint, jamais par repentance. Désormais, plus rien ne sera plus comme avant. Que nos dirigeants en soient avertis !
Blaise est désolé aujourd’hui, pas pour la bonne raison, mais parce qu’il n’a pas réussi à imposer sa forfaiture. C’est cela, son regret. On peut même dire que les forces de l’ordre ont fait beaucoup attention, sinon au regard des 50 morts, il y a de quoi parier qu’on les avait préparés à ne pas craindre l’hécatombe ; de toutes les façons, attendons le bilan final pour nous rassurer que ce n’en fut pas une.
Donc Blaise n’a fait cadeau à personne, il n’a eu pitié d’aucun membre de notre vaillant peuple qui lui a tout donné. C’est de l’ingratitude au plus haut degré, de la haute trahison. Disqualifié pour mener à bout cette transition, il a tiré lui-même les leçons et comme un frère qui s’est renié, a préféré se ranger sur le bas- côté de l’histoire où il sera jugé sans pitié.
Mais le peuple ne veut pas que la transition, sa chose, lui file entre les doigts. C’est le risque actuel et il faut oser le dire. Je suis un peu aujourd’hui mal à l’aise de voir que c’est la même armée qui était là et qui n’a pas empêché Blaise Compaoré de commettre l’irréparable, le franchissement de son rubicon, qui soit encore au-devant de la chose. Et psychologiquement, le peuple ne peut pas être rassuré quand on dit que Blaise est parti pour juste être remplacé par un autre homme en tenue, et pire, par un « gars » du Rsp.
La jeunesse a fait preuve d’un courage exceptionnel. Elle a compris que cette lutte, c’est d’abord pour elle. Je salue les partis politiques de l’opposition qui ont su taire leur différences, somme toute secondaires, pour se concentrer sur l’essentiel, dans une unité d’action qui n’a pas permis à Blaise de jouer à son jeu favori de « diviser pour régner », à la corruption et à l’achat des consciences qui lui donnaient l’impression qu’il était un président spécialiste des « affaires compliquées ».
Qui l’aurait cru ? Avec tous les chars et automitrailleuses qui étaient dehors, à en juger par les photos, avec les gaz lacrymogènes interdits par la Convention de Genève qu’on tirait à salves régulières depuis l’hélicoptère du peuple, les jeunes ont écouté leur conscience et ont osé bravé ces militaires qui n’avaient pas l’air d’être des enfants de chœur. La veille, les femmes avaient déjà tracé la route de la dignité et du courage, hommage à toi femme burkinabè ! I love you ! « Paaga la yiri » et il n’y a pas de pays s’il n’ y a pas de famille, donc de jeunesse.
Dans ma dernière contribution sur lefaso.net du 28 octobre (http://www.lefaso.net/spip.php?article61469), je disais avec force intuition, que Blaise ne pouvait jamais gagner contre son peuple qui allait instituer la démocratie désarmée. Le dimanche 24 octobre, j’ai bavardé au téléphone avec un ami du peuple burkinabè qui semblait démoralisé quand tout a semblé indiquer que Blaise avait pu acheter les faiseurs de roi dans notre parlement. J’ai réussi à remonter son moral en lui disant que dans le contexte burkinabè actuel, la lutte ne se trouve pas au parlement mais dans la rue et que c’est la rue qui allait décider. Et la rue, c’est le lieu « indépassable » (le terme est de Djibo Mamadou, philosophe - PhD que je veux lire pour commenter la situation post- Blaise) quand on veut modifier de manière dolosive des constitutions.
Je voulais dire que les civils peuvent aussi implémenter la démocratie sans armes, qui sera donc une démocratie désarmée, contrairement à la démocratie apaisée (qui me fait penser un peu à la « pacification » des peuples africains qui se réalise ironiquement avec des armes et la brutalité qui avec). Paix aux âmes des martyrs.
Mais ce qui est flou et qui mérite qu’on s’y penche, c’est que le Général Lougué est un nom qui revient à toutes les crises majeures au Burkina depuis la modification de notre Constitution en 1997. Mais, apparemment, il a toujours refusé de jouer le rôle que les soldats voudraient qu’il joue. Cette fois-ci, il est apparu étonnamment sur la scène contrairement à certaines époques comme le 15 Juillet 1999, quand les militaires marchaient pour la première fois pour réclamer leurs perdiems de campagne à l’étranger rondement détournés par la hiérarchie militaire, notamment au Libéria et en Centrafrique ; dans le putsch manqué de 2001, révélé par le jugement des « putschistes » de 2003 où le concept de la « compaorose » a fait son petit bonhomme de chemin grâce au capitaine Luther Diapagri Lompo ; lors de la « mutinerie » de 2011 où la rumeur faisait état d’une demande insistante des soldats mais à laquelle demande il a encore tourné dos.
Mais, tout d’un coup, comme un deus ex machina, il est apparu dans l’épilogue de la lutte contre le pieuvre de Kosyam et c’est lui qui semble voler la vedette à tous les jeunes, à tous les leaders de l’opposition politique vraie, à tous ceux qui ont risqué leur vie de façon ouverte. Dans ce ballet d’ombres où tout est flou, il n’est pas le seul. Le Général Honoré Nabéré, connu pour être le chouchou de Blaise Compaoré, ne veut pas s’en laisser conter. Puis survient un troisième larron qui réussit à s’imposer et qui se fait président. Les deux derniers notamment se bagarrent au sujet d’un oiseau, comme si c’était leur oiseau comme le disait Norbert Zongo, des membres du parti présidentiel qui croyaient que le parti leur appartenait plus à eux, alors même qu’il n’est que la chose de Blaise.
Je ne suis pas contre qu’il soit président pour la simple raison qu’il est militaire. Mais, il ne peut être président parce que c’est l’armée qui le veut ainsi.
Il ne peut être président sans l’onction de ceux qui ont donné leur vie pour cette lutte historique : bouter un dictateur qui a fait 27 ans au pouvoir hors du pays en l’espace de 24 heures, alors là, je suis fier d’être Burkinabè !
Nous ne voulons point de Pax militaria. Le pouvoir militaire n’est pas l’ordre politique par défaut. Il ne faut pas infantiliser le peuple. S’il est vrai que les militaires ne font que ce que le politique leur dicte, le Rsp, comme toute l’armée, pouvait s’adonner au maintien d’ordre afin que le Burkina ne s’approche même pas de la « désintégration » selon les incantations d’un Béjot qui est perçu comme un des thuriféraires de Blaise Compaoré dont il arpentait le palais. En attendant le démantèlement d’un tel régiment, toutefois. J’y reviendrai plus loin. Un enfant qui peut oser aller mourir pour son peuple n’est plus un enfant, c’est un homme.
Comment on explique cela ? Il y a certainement une raison mais comme « je suis l’enfant qui veut tout savoir », je préfère poser des questions dans l’espoir de mieux comprendre. Ça peut déranger ; c’est la curiosité qui tue le chat. Heureusement aussi, c’est la réponse qui le ramène à la vie. Osons donc poser les questions sur ce que l’on ne comprend pas.
Il n’est pas suffisant de dire que comme l’armée est la seule force organisée qui a aussi la force avec elle, c’est elle qui devait nous diriger dans cette transition. D’une façon générale, notre armée n’a pas été exemplaire durant ces 27 dernières années, et c’est peu dire. Le disconnect, le hiatus, sinon même la césure, entre l’armée et le peuple, a été bien établi depuis le règne de Blaise. Elle s’est illustrée dans des aventures dignes d’une armée de corsaires et le Régiment de sécurité présidentiel était plus perçu comme une garde prétorienne, un régiment personnalisé qui obéissait au pied et à l’ œil du président déchu qu’un régiment vraiment formé pour protéger la République. Le Lieutenant-Colonel Zida était le numéro deux du Rsp. Je ne veux pas dire qu’il était nécessairement un accroc de Blaise, mais disons aussi que ne dirige pas le Rsp un anti-Blaise (dans le sens de quelqu’un qui critique l’action de Blaise).
Blaise Compaoré a fait tirer sur des manifestants mais c’est encore notre armée qui se bat des pieds et des mains pour lui trouver un endroit où son intégrité physique et morale est en sûreté, sachant bien que lui a mis l’intégrité physique et morale de millions de Burkinabè en danger. Ce n’est pas le comportement d’une armée républicaine. Ce qu’elle pouvait faire, c’est arrêter Blaise Compaoré et le mettre en lieu sûr plus pour sa sécurité physique que sa sécurité morale qui ne peut être sauvegardée que s’il a le pouvoir qui est devenu une drogue pour lui. Au moins pour la simple raison qu’il a tué des Burkinabè. Faute de cela, on a l’impression que le Rsp a supporté Blaise jusqu’au bout et a même couvert dans sa fuite un ennemi du peuple (car qui fait verser le sang des enfants de ce peuple en est bien un ennemi). Et maintenant le Rsp revient pour être avec le peuple. On ne peut pas chasser avec les chiens et courir avec les chèvres. Nous voulons la paix sociale. C’est pourquoi nous devons nous poser les questions les plus profondes qui dérangent.
Les manifestants ont une inquiétude qui ne peut être sans fondement : a-t-on mené la lutte pour qu’à la fin ce soit la garde de Blaise, ou même l’armée, qui doive nous tracer le chemin de notre destinée politique ? Le tour de passe-passe ne passera pas. Le Rsp étant l’outil de Blaise, peut-on utiliser le même outil pour détricoter le système de gouvernance mis en place par Blaise ? Car je ne vois pas comment nous pouvons parler de transition, d’une vraie, c’est-à-dire de tourner la sombre page Blaise Compaoré, sans faire l’inventaire de ce régime dont le Rsp lui-même est un passif.
Il est difficile d’expliquer pourquoi l’existence de tout un régiment pour la sécurité d’un seul individu. Ça fait armée dans une armée ; or la cohésion et la discipline font la force de l’armée. Nous cherchions effectivement à ce que Blaise laisse la Constitution en l’état. Il a voulu défier son peuple pour qui il avait très peu de considération. Nous l’avons jeté dehors comme un malpropre. Ce momentum que nous avons acquis, cet élan, nous ne devons plus jamais le perdre. Afin que tout président sache qu’il n’est rien sans le peuple et que quand le peuple dit Non, c’est ce Non qui marche.
Peut-on être naïf et croire que les outils du maître peuvent nous aider à déconstruire la maison du maître comme signalé plus haut ? Pendant que le peuple se battait, on n’a pas vraiment vu notre armée se positionner pour lui. Au Niger, Djibo Salou a mis fin à la récréation de l’homme du Tazarché à douze heures sonnantes. Si l’armée doit être aux commandes aujourd’hui, il faut avoir l’honnêteté de dire qu’elle n’a fait que nous utiliser pour tirer les marrons du feu.
Le singe et le chat sont allés cueillir des marrons en brousse. Au retour, ils décident de griller leurs marrons. Mais au moment de sortir les marrons du feu, le singe se saisit de la patte du chat pour extraire ses fruits et les manger. L’armée a fait même moins que le singe de notre conte. Puisqu’ il n’est même pas allé cueillir les fameux marrons ensemble avec le peuple.
Le peuple peut être d’accord que notre armée l’accompagne dans cette révolution authentique, et dans ce cas, l’armée est à sa disposition. Mais il ne sera jamais d’accord qu’on l’utilise pour tirer les marrons du feu. Attention donc à ce que la queue ne se méprenne pas à vouloir remuer la tête (le peuple). La révolution du peuple n’a pas le droit de laisser un arrière-goût de cendre.
S’il vous plaît, chers frères et chères sœurs militaires, ce lièvre n’est pas le vôtre. C’est la jeunesse qui a levé son lièvre, ce sont les organisations de la société civile qui ont levé leur lièvre, ce sont les partis politiques qui ont levé leur lièvre. C’est leur lièvre, même si vous jugez que leur couteau n’a jamais eu de tranchant. Même si vous avez le couteau qui tranche, vous ne pouvez que les accompagner à arranger et à découper ce lièvre que beaucoup parmi vous aviez pris pour un lion.
Ce n’était qu’un lièvre qui a dû se camoufler dans la brousse pour se réfugier chez ses beaux-parents. C’est indigne de se réfugier chez ses beaux–parents dans la plupart des cultures africaines, M. Blaise Compaoré. Revenez à Ouagadougou pour constater de près les dégâts de 27 ans de règne fait dans le sang et dans les larmes. Vous devez répondre devant la justice de votre pays au moins et vous ne pourrez répondre que si cette transition n’est pas volée.
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** Touorizou Hervé Somé, Ph.D. est Maître de Conférences (Associate Professor) - Sociologie de l’Éducation/ Éducation Internationale Comparée, au Ripon College, Ripon, Wisconsin (source : lefaso.net)
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