Voilà que survient un nouvel outrage à la tombe présumée de Sankara. Va t-on de nouveau blâmer un autre malade mental pour cette profanation ? La première fois, un liquide non identifié y avait été répandu. Or cela posait problème puisque les avocats de la Cijs, en date du 9 février alors qu’une requête pèse sur l’Etat du Faso, ordonnant l’identification du corps se trouvant dans la tombe désignée de Thomas Sankara qu’il a érigée.
C’est avec consternation que les membres de la Campagne internationale justice pour Sankara (Cijs) apprennent, ce 18 novembre 2013 de Ouagadougou, la nouvelle d’une nouvelle profanation de la tombe présumée de Thomas Sankara.
Thomas Sankara a été assassiné le 15 octobre 1987 en compagnie d'une dizaine de ses camarades, vraisemblablement victimes d’un complot international et local. Le certificat de décès faisait état d’une « mort naturelle », et aucune explication sur les circonstances de leur mort n’a jamais été donnée ; il n’existe aucune certitude sur le lieu exact de la sépulture du président Sankara. La tombe présumée demeure depuis des années dans un état déplorable jouxtant des immondices.
Aujourd’hui, des débris jonchent le tombeau jouxtant des gerbes qui achèvent de sécher depuis leur dépôt le 15 octobre dernier, date de la 26e commémoration de son assassinat.
La première profanation a eu lieu le 26 juillet 2011. Selon le procureur Placide Nikiéma le profanateur serait Zaksongo R. Jean Jacob, un homme ne jouissant pas de ses facultés mentales et chez qui on aurait retrouvé plus tard des morceaux du tombeau. Un liquide non identifié y avait été aussi été répandu. Or cela posait problème puisque les avocats de la Cijs, en date du 9 février 2011, prenant au mot la décision onusienne sur le lieu de sépulture, demandaient au Tribunal d’enjoindre l’Etat du Faso d’ordonner l’identification du corps se trouvant dans la tombe désignée de Thomas Sankara qu’il a érigée. Ils sollicitaient également la désignation d’un expert ou un laboratoire indépendant notoirement reconnu, habilité à procéder à l’identification des empreintes génétiques. L’affaire a été enrôlée sous le n° RM 211/2010 et un calendrier de procédure établi le 9 février 2011.
Embarrassées, les autorités du Burkina piétinent depuis des mois dans cette affaire et finalement une date butoir est fixée aux autorités le 16 octobre 2013 pour leur réponse. Finalement, le 12 novembre dernier, dans une pathétique charge à la défense de l’indéfendable, Maître Antoinette Ouédraogo, Conseil de l’Etat, conclut l’affaire. Elle est désormais entre les mains du juge.
Le peuple du Burkina, la communauté africaine et les défenseurs des droits humains attendent donc la décision de la magistrature. Va t-elle pour une fois en 17 ans être impartiale dans cette affaire ?
C’est dans ces circonstances que survient ce nouvel outrage à la tombe présumée. Va t-on de nouveau blâmer un autre malade mental pour cette profanation ? Que fait l’État censé surveiller les lieux désormais site national ?
La culture d’impunité érigée en système vient avec cet acte innommable perpétrer une autre violation des engagements internationaux et nationaux de l’État du Faso. Les panafricanistes et internationalistes condamnent de nouveau cet acte et expriment avec nous tout leur dégoût. Ils sont solidaires du peuple Burkinabé qui endure tant d’années d’impunité.
La justice triomphera et plus que jamais Sankara vit.
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** Aziz Salmone Fall est Coordinateur de la Campagne internationale justice pour Sankara (Cijs)
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