Kofi Annan s’oppose à la volonté des pays africains de revoir leurs relations avec la Cour pénale internationale. Alors qu’un sommet extraordinaires de chefs d’Etat et de gouvernement de l'UA s'est tenu les 11 et 12 novembre, pour examiner l’éventualité d’un retrait de cette instance accusée de cibler essentiellement des Africains, l’ancien secrétaire général des Nations unies a estimé que ce serait une «marque de honte». Une position critiquée.
Voir le brave Africain et prestigieux Koffi Annan qu'on a envoyé en Afrique du Sud en compagnie de l'autre sérieux africain Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, pour convaincre les Africains de ne pas sortir en masse de la Cpi est un scenario très bien résumé dans le texte de Marcus Garvey (1) que vous trouverez à la page 134 du Tome 1 de "Géostratégie africaine". Pour ceux qui n'ont pas le livre (2) , voici le texte :
«Dans la lutte pour s’élever, les opprimés sont toujours handicapés par ceux d’entre eux qui trahissent leur propre race, c’est-à-dire par les hommes de peu de foi, et tous ceux qui se laissent corrompre et acceptent de vendre les droits de leurs propres frères.
«Nous non plus, membres de la race noire, ne sommes pas totalement à l’abri de ce genre de fléau. Si j’exprime le fond de ma pensée, je dirai même que nous en sommes affligés plus que toute autre race, parce que nous n’avons pas la formation et la préparation nécessaires pour occuper la place qui nous revient parmi les peuples et les nations du monde.
«Chez les autres races, le rôle du traitre se limite en général à l’individu médiocre et irresponsable. Les traîtres de la race noire, malheureusement, sont la plupart du temps, des gens haut placés par l’instruction et la position sociale, ceux-là même qui s’arrogent le titre de leaders. De nos jours, en effet, tout individu, ou presque, qui tente sa chance comme leader de la race, commence par s’établir, tel un animal domestique, dans les faveurs d’un philanthrope d’une autre race : il va le voir, dénigre sa race dans les termes les plus vils, humilie sa fierté d’homme, et gagne ainsi la sympathie du «grand bienfaiteur», qui lui dicte ce qu’il doit faire dans son rôle de leader de la race noire.
«En général, c’est : «Va dire à tes gens d’être humbles et soumis ; dis leur d’être de bons serviteurs, obéissants et loyaux envers leur maître. Si tu leur enseignes ce genre de doctrine, tu peux toujours compter sur moi pour te donner 1000 dollars, ou 5000 dollars par an de revenus, pour ton journal et l’institution que tu représentes. Je te recommanderai à mes amis comme un brave homme sans problèmes».
«Nanti de ces avis, et d’une promesse de patronage, le leader noir ordinaire s’en va guider les masses infortunées. Il nous dit tout le bien possible de M. Untel, nous raconte combien nous avons de bons amis dans l’autre race, et assure que tout ira bien à condition qu’on s’en remette complètement à lui. Voici le genre de direction que nous subissons depuis un demi-siècle. Je ne vois là rien d’autre que perfidie et trahison de la pire espèce.
«Si l’homme qui met en difficulté son pays est un traître, celui qui brade les droits de sa race n’est pas autre chose. Tant que nous ne serons pas établis en tant que nation de 400 millions d’hommes (Nda : en 1910), et que nous n’aurons pas fait comprendre à ceux qui se sont placés à notre tête que nous sommes mécontents et dégoûtés ; tant que nous n’aurons pas choisi nous-mêmes un leader envers qui nous remplirons nos engagements, nous serons incapables de sortir du bourbier de la dégradation et de nous élever vers la liberté, la prospérité et l’estime humaine ».
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** Jean-Paul Pougala est directeur de l'Institut d'Études Géostratégiques de Douala au Cameroun
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NOTE
1) Marcus Garvey est le père du concept du panafricanisme, Garvey était un intrépide combattant contre l'humiliation infligée à la population de peau noire depuis 1500 ans d’esclavage arabe et européen
2) «Les traitres» de Marcus Garvey (17 août 1887, Saint Ann's Bay, Jamaïque-10 juin 1940, Londres)
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