Kampala : Un sommet sur la Rd Congo pour ça?
Rencontre de la dernière chance ? Beaucoup l’avaient cru. Mais à l'arrivée, le sommet qui a réuni à Kampala, samedi 24 novembre, des dirigeants des Grands Lacs et snobé, une fois de plus, par Paul Kagame, n'a rien donné. On s'est embrassé, on a affiché le sourire, posé pour la photo puis passé le communiqué final habituel. Mais, en dehors de la pièce maîtresse du puzzle, le maître de Kigali et du jeu, rien de concret ! Et donc, comme lors des précédents sommets, la distraction est le menu principal.
Pour ceux qui ne savent pas analyser les manières diplomatiques, le déplacement de Joseph Kabila à Kampala avait suscité des espoirs. Mais un coup d’œil dans le rétroviseur pour se pencher sur les sommets passés aurait mieux renseigné. Depuis le déclenchement de l'invasion du Congo par les troupes rwandaises sous le couvert de M23, une pseudo-rébellion made in Rwanda - du déjà vu - tout se passe comme si, derrière l'agenda des vrais ''tireurs des ficelles'', il fallait distraire, encore distraire et toujours distraire.
En effet, le timing de ces sommets, leurs effets et contre effets et surtout les principaux acteurs augurent plus d'un bal des vampires que d'apartés sérieux devant aborder un problème crucial et aboutir à une solution. Comment pouvait-il en être autrement lorsque le mélange des genres est l'ingrédient principal que proposent ces fameux sommets ?
Kagame, Museveni et Kabila autour d'une table, mais pour discuter de quoi lorsque le rapport des experts de l'Onu indexe les deux premiers cités comme étant instigateur et soutien du M23 ? Du coup, pour bien des Congolais, le doute n'est plus permis : on distrait pour préparer une mauvaise surprise. Et la prise de Goma par les troupes rwandaises, sans combattre, est comme pour rappeler que l'avenir du Congo-Kinshasa se joue dans la distraction.
Lors des précédents sommets, Kabila avait fait semblant de se montrer déterminé. Aux exigences de la partie rwandaise (le M23 si vous voulez), il avait opposé un refus catégorique. Pas de dialogue avec ''la rébellion'' était la ligne de son gouvernement. Mende Omalanga avait tranché : ''Nous ne négocierons pas avec des rebelles''. Mais le 24 novembre, comme par enchantement, le langage a varié. Plus de détermination. En déclarant sur Rfi que ''Kabila (sic, même pas « le président Kabila »), a accepté de négocier sans condition avec le M23'', Jean Marie Runiga n'a pas boudé son plaisir. Celui d'un homme qui n'ignore rien de la redistribution de cartes qui est en train de s'opérer et qui tient le bon bout.
Cette concession (ou probablement imposition) a-t-elle fait l'objet d'une consultation en règle du peuple congolais via ses ''supposés députés'', même mal élus ? C'est là toute la question. Mais comme les Kabila sont des spécialistes des accords secrets, il y a fort à parier que la distraction a donc permis de faire passer une idée que le peuple congolais ne veut pas entendre : négocier avec les agresseurs.
Finalement on a tiré en longueur, pris son temps et fait dans la roublardise pour un tel résultat ! Et quel résultat ? La reconnaissance d'une rébellion qui n'en est pas une et, aussi, l'engagement de payer le tribut à Kagame. Une capitulation en règle. Mais qui a dit que la Rd Congo ne pesait plus face au Rwanda ? Les errements et les contradictions d'un gouvernement sans légitimité le démontrent.
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