Extrait du discours de Thomas Sankara le 29 juillet 1987 à un sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) à Addis Abeba, deux mois et demi avant son assassinat le 15 octobre 1987 (morceaux choisis).
"Des bailleurs de fonds. Un terme que l'on emploie chaque jour, comme s'il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez les autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des montages financiers alléchants de dossiers. Nous nous sommes endettés pour 50 ans, 60 ans, même plus. C'est-à-dire que l'on nous a amenés à compromettre le peuple pendant 50 ans et plus."
"Si nous ne payons pas, les bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également."
"Nous avons le devoir aujourd'hui de créer le front uni d'Addis Abeba contre la dette."
"Ma proposition ne vise pas seulement à provoquer ou faire du spectacle."
"Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette - non pas dans un esprit belliqueux, belliciste - ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence. (...) Avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer, et en évitant de payer, nous pourrons (contribuer) à notre développement."
"Chaque fois qu'un pays africain achète une arme, c'est contre un Africain. Ce n'est pas contre un Européen, ce n'est pas contre un Asiatique. C'est contre un Africain. Par conséquent, nous devons également, dans la lancée de la résolution de la question de la dette, trouver une solution au problème de l'armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais, Monsieur le Président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi, je porte l'unique arme que je possède et d'autres ont camouflé les armes qu'ils ont."
"Avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser ces immenses potentialités pour développer l'Afrique, parce que notre sol, notre sous-sol sont riches ; nous avons suffisamment de bras et nous avons un marché immense, très vaste, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Nous avons suffisamment de capacités intellectuelles pour créer ou - tout au moins - prendre la technologie et la science partout où nous pourrons les trouver."
"Faisons en sorte que ce soit à partir d'Addis Abeba que nous décidions de limiter la course aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et coutelas que nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains: produire en Afrique, transformer en Afrique et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous, nous produisons au lieu d'importer."
Voir la vidéo sur http://youtu.be/hqhautm_LVE
LE CLIP
Hommage de (Didier) Awadi & Smockey, avec des archives sonores de Thomas Sankara, "La patrie ou la mort" (album "Présidents d'Afrique") : http://youtu.be/h_XceuNHm6g - Où l'on voit un bien drôle de "certificat de décès" puisque, selon ce document, la mort par balle de Sankara est une "mort naturelle".
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** Thomas Sankara, président du Burkina Faso, a été assassiné le 15 octobre 1987.
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