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En juillet 1987 Thomas Sankara dénonçait le système d’exploitation et d’oppression de la dette, appelant à la mise en place d’un front uni. Vingt-quatre plus tard, les mêmes mécanismes qu’il dénonçait sans rencontrer l’écho souhaité perdurent avec des effets plus dévastateurs. En octobre prochain, les mouvements sociaux d’Afrique rendent hommage à cette lutte pionnière de Sankara et répondent à son appel pour un front uni contre la dette.

Le 15 octobre 1987, le président Thomas Sankara perdait la vie, à la suite d’un coup d’État, après quatre années passées à la tête du Burkina Faso. Au cours de cette période, Thomas Sankara a lutté pour la dignité de son peuple et pour un nouvel élan de libération du continent africain avec une nouvelle génération de chefs d’Etat au service de leurs peuples, capables de tenir tête aux puissances impérialistes. Il ne fait aucun doute que Thomas Sankara a été assassiné pour avoir lutté contre le néocolonialisme et en particulier contre l’esclavagisme moderne de la dette.

Pionnier en la matière, Thomas Sankara dénonça devant tous les chefs d’États africains réunis au sommet de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), en juillet 1987, le « système dette » mis en place par les puissances occidentales avec la complicité de certains dirigeants du Sud pour confisquer la souveraineté des peuples.

Ce nouveau système d’oppression des peuples africains, latino-américains et asiatiques était notamment basé sur l’imposition des plans d’ajustement structurel (PAS) mis en place par les Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) avec l’appui des anciennes métropoles et au profit des multinationales du Nord. Sachant que les grands créanciers internationaux s’attaqueraient à sa vie en réponse à cet ultime combat, Thomas Sankara lança un appel pour la création d’un front uni contre la dette. Son appel ne fut malheureusement pas suivi à l’époque.

Vingt cinq ans plus tard, alors que le système dette continue de confisquer la souveraineté populaire et d’appauvrir la très grande majorité de la population africaine, les peuples du Nord sont eux aussi victimes d’une crise de la dette sans précédent. L’éclatement de la bulle spéculative immobilière et le sauvetage des banques par les États, sans consultation populaire - qui a encore aggravé le poids de la dette publique dont une large partie est illégitime - donnent raison à Thomas Sankara qui dénonçait déjà l’économie « Casino».

Loin des flashes et des caméras de télévision, la finance s’est résolument liguée contre les peuples ces trente dernières années faisant des millions de morts. Autrefois réservés aux pays du Sud, les conditionnalités et les mesures d’austérité ont fini par gagner le Nord, plongeant les peuples dans un désarroi de plus en plus grand. La situation actuelle en Grèce, au Portugal ou encore en Irlande où le FMI intervient directement dans les affaires internes des États, aux cotés des l’Union européenne et de la Banque centrale européenne (BCE), ne sont pas sans rappeler la situation des pays du Sud au début des années 80.


Depuis trente ans les peuples au Sud ne cessent de se battre contre le diktat des créanciers et en particulier du FMI et de la Banque mondiale, deux institutions anti-démocratiques à la solde des marchés financiers, des grandes banques privées et des multinationales à l’origine de la crise financière actuelle.

Dans un monde en crises et face aux nombreuses attaques contre les peuples via les politiques d’austérité imposées à l’échelle mondiale, l’heure est venue pour les peuples du monde entier, au Sud comme au Nord, de répondre à l’appel de Thomas Sankara en constituant un front uni contre la dette.

En réponse à l’appel de Thomas Sankara et en hommage à sa lutte pionnière, nous, organisations et mouvements sociaux du Burkina Faso, organisations et mouvements sociaux d’Afrique, à la suite de l’appel de Niono du 2 novembre 2011, appelons à une rencontre internationale et à un dialogue Sud-Nord sur la dette, à Ouagadougou au Burkina Faso du 13 et 16 octobre 2012 et à une cérémonie à la mémoire de Thomas Sankara le 15 octobre 2012.

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS




* Premiers signataires :
• ATTAC/CADTM Maroc
• FNDP Côte d’Ivoire
• CADTM Lubumbashi RDC
• Ecologistas en Acción (España)
• Observatorio de la Deuda en la Globalización (España)
• Patas Arriba (Valencia, España)
• RPC/Mauritanie
• UFDH/CADTM RDC
• CADTM France
• RAID Tunisie
• Red ¿Quién debe a Quién ? (España)
• Plataforma Auditoria Ciudadana de la Deuda, No debemos, no pagamos (España)


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