Le «hold up électoral» qui a encore porté Joseph Kabila au pouvoir relève de complicités actives ou silencieuses au niveau international. Le président sud-africain Jacob Zuma est, entre autres, accusé de compromission, alors que la communauté internationale fait montre d’une attitude passive qui constitue une licence à la fraude et aux violences post-électorales.
La Fraude électorale devant laquelle les grandes puissances et les multinationales essaient de fermer l’œil en RDC fera plusieurs victimes car le peuple congolais qui l’a découverte ne veut pas lâcher prise. La pièce maîtresse de cette fraude électorale jamais vue, même sous la dictature mobutienne, reste le remplissage des bulletins de vote en faveur de Joseph Kabila en Afrique du Sud, la commande de deux cargos de bulletins de vote deux jours après la fin des élections et leur dispatching sur Lubumbashi, Goma et Kinshasa.
L’explication du Pasteur Ngoy Mulunda qu’il s’agissait d’une livraison prévue de longue date n’était pas convaincante, dans la mesure où ces bulletins destinés à l’incinération avaient été dispatchés en trois endroits différents, lesquels endroits sont considérés comme les centres névralgiques de la fraude électorale de 2011.
La correspondance ci-dessous d’un combattant congolais de l’Afrique révèle d’autres éléments pouvant être versés au contentieux électoral en cours. L’existence des institutions indépendantes en RSA aide ainsi le peuple congolais à découvrir l’ampleur non seulement de la fraude électorale mais aussi la complicité internationale dans la crise qui sévit en RDC depuis 1996. Pour avoir pris en témoins les médias indépendants sud-africains, les Congolais vivant en Afrique du Sud ont déjà internationalisé le contentieux électoral congolais au point que Jacob Zuma, président de la RSA, risque d’être la première victime de la fraude électorale de la CENI bien avant son commanditaire, Joseph Kabila Kabange, le président sorti ou sortant de la RDC.
JACOB ZUMA, PRESIDENT SUD-AFRICAIN
« Nous avons dévoilé l’implication du gouvernement de l’Afrique du Sud dans l’affaire du Congo. Je tiens à vous signaler que nous avons été surpris dans la soirée par une unité spéciale envoyée par le président Zuma pour nous chasser et nous arrêter. Certes, plusieurs d’entre nous avaient été arrêtés mais on vient de les libérer car nous avons appelé la télévision nationale SABC1 et la deuxième Chaine la plus suivie d’ici « ETV » lors des émeutes.
A peine, les spéciales éditions étaient passées sur ces 2 chaines, des avocats sont venus à notre secours et nous avons étés libérés.
Pourquoi le président Zuma a-t-il agit de la sorte?
Voici la vérité : après notre manifestation du 5 décembre 2011 devant la place de l’ANC, c’est-à-dire Luthuli House, Zuma s'est rendu en RDC le 6 décembre pour rencontrer Joseph Kabila, afin de lui faire part de la situation. Hier, dans la journée, le Democratic Alliance, un parti politique opposant à l’ANC, avait convoqué une réunion parlementaire d’urgence pour siéger sur le dossier de notre revendication sur le sol sud-africain.
Des vérités sont entrain de sortir et je vais vous le dire tout haut : pour que l’Armée sud-africaine puisse sortir de la RSA pour l’étranger, il faut l’aval du parlement.
Mais voici ce que le Président Zuma a fait avec Kabila. Pour des intérêts personnels, Zuma a falsifié le protocole du parlement et a envoyé 4000 soldats sud-africains à l’insu du parlement. Les mercenaires sud-africains qui sont au Congo sont des soldats indisciplinés que l’armée avait soit mis aux arrêts soit renvoyés de l’armée. Zuma sur demande de Kabila, les a repris et envoyés au Congo pour une prime de guerre de 3000 dollars chacun jusqu’à l’investiture de Kabila au pouvoir.
Pourquoi Zuma se rend-il au Congo chaque semaine ?
Négocier les minerais du Congo pour son compte personnel avec Kabila. Zuma a beaucoup d’avoirs chez nous que le parlement et le gouvernement sud-africains ne connaissent pas. Les faux bulletins pré-remplis de Kabila ont été faits sur ordre de Zuma, Kabila et Ngoy Mulunda, d’après le chef de l’’imprimerie qui a été convoquée au parlement pour interrogatoire.
Kabila et Zuma sont des partenaires d’affaires sur nos mines auprès des gros acheteurs sud-africains et internationaux. En d’autres termes, Zuma est un commissionnaire de vente de minerais pour Kabila. Convoquer au Parlement, Zuma n’a pas su se défendre correctement et a 2 semaines pour venir se défendre sinon il sera destitué du pouvoir. Voilà la raison de sa colère sur nous aujourd’hui.
Mes frères et sœurs congolais (es), n’arrêtons pas le travail car la boîte de pandore du Congo est prêt à s’ouvrir. Ce qui était caché commence à sortir. Kabila vend notre pays à pièces détachées. Ingetaaaa ! »
JM Mukanya
Qui sont les autres complices de la fraude électorale en RDC ?
L’International Crisis Group a déjà pointé son doigt accusateur sur la MONUSCO comme probable deuxième complice dans le hold-up électoral congolais. La MONUSCO aurait en effet commis un péché par omission ou par le fait de laisser faire une fraude en se cachant sous une fausse reconnaissance de la souveraineté de la CENI.
La MONUSCO peut se défendre du fait qu’elle n’ait pas reçu mandat de certification des résultats comme l’ONUCI en Côte d’Ivoire. Mais sa reconnaissance brusque de la souveraineté des institutions congolaises contraste avec la prolongation de sa mission en RDC, même quand le gouvernement congolais lui demande de partir.
La MONUSCO tombe ainsi dans l’ambigüité historique qui entoure l’interprétation du respect de la souveraineté d’un Etat définie à Westphalie (Allemagne) en 1648. Après le massacre des Juifs sous Hitler, l’épuration ethnique du Kosovo, le double génocide rwandais de 1994, la communauté des grandes puissances (qu’on appelle faussement internationale) avait stipulé que, dorénavant, pour des raisons humanitaires, la souveraineté d’un Etat dirigé par un dictateur qui tue ses propres citoyens, n’était plus inviolable. On appela cela «intervention humanitaire» pour éviter un autre Auschwitz, Kosovo, Rwanda, etc.
Dans la logique de l’intervention humanitaire militaire, aucun chef d’Etat démocratiquement élu (Hitler était aussi élu démocratiquement), aucune armée nationale et aucune police nationale, n’aura plus jamais « une licence d’un Etat pour tuer légalement ses citoyens » (David Rief, « A bed for the night », 218). Le philosophe Habermas, grand critique de la notion westaphalienne de l’inviolabilité de la souveraineté de l’Etat, alla jusqu'à dire qu’une stricte adhésion à la doctrine classique de l’inviolabilité de la souveraineté de l’Etat reviendrait à accepter la maxime selon laquelle les victimes peuvent être abandonnées à la merci des bandits.
Depuis le déclenchement du conflit congolais, juste après le double génocide rwandais, l’impression est que les Congolais sont abandonnés à la merci des génocidaires. La souveraineté de l’Etat congolais est souvent brandie pour expliquer l’inaction des grandes puissances devant 8 millions des morts. Ce silence est l’exemple parfait de l’exceptionnalisme du conflit congolais. L’intervention humanitaire militaire n’a jamais eu lieu. Au contraire, les Congolais continuent d’être tués sous les tentes des humanitaires, respectant à la lettre les traités de Westphalie en RDC. Il a fallu que le leader libyen, Kaddhafi, menace de tuer les manifestants contre son pouvoir, pour que l'ONU, les Etats-Unis, la France, l'Angleterre, etc., activent leur artillerie lourde jusqu'au renversement du régime de Kaddhafi. Mais en RDC, les tueurs tels Bosco Ntaganda, Laurent Nkunda, John Numbi, Bwambale Kakolele, Joseph Kabila, Charles Bisengimana, etc. gardent leurs licences de tuer les civils congolais.
Aucune grande puissance n’a encore condamné la violence postélectorale avec ses multiples morts à Ndjili, Masina, Selembao, Kimbanseke, Prison de Ndolo, Mbuji-Maji, Bukavu, Kaseghe (Lubero), Beni, Kasindi, Lubumbashi, etc. Quand est-ce que les mêmes lois internationales, telles celles portant sur des élections crédibles, s’appliqueront-elles en RDC ? Les grandes puissances vont-elles se cacher derrière la souveraineté de l’Etat congolais pour accorder une licence de tuer à la Garde présidentielle, les Fardc, la PNC ? (BLO)
* Ce texte a été publié dans le site Congo Tribune
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