Cet article, qui se veut une introduction à la question des droits des femmes dans l’Islam en Afrique, soutient que les deux ne s’excluent pas mutuellement. Et que les droits des femmes sont en fait prévus dans l’Islam. Même si cela a été peu compris. Il est de plus en plus reconnu que, ni l’Islam ni les droits des femmes ne sont statiques, et que le mouvement de protection des droits des femmes est en train de prendre de l’ampleur dans un cadre qui ne nuit pas aux aspects positifs et bénéfiques de la culture musulmane.
Les questions relatives aux droits des femmes dans les milieux musulmans en Afrique sont souvent très contestées bien qu’elles soient le plus souvent peu comprises. Les discours sur les droits des femmes musulmanes en Afrique mettent l’accent très fréquemment sur le manque de responsabilisations à leur égard, ce qui peut paraître ironique surtout quand on sait que l’Islam est une religion très égalitaire à la base.
Dévastés par le colonialisme, les guerres et la pauvreté, beaucoup de pays africains sont confrontés aux défis de reconstruction de leurs sociétés basées sur les croyances religieuses et les identités culturelles. En même temps la reconnaissance des droits des femmes légitimes et prévus par le Coran doit être prise en compte. IL en est de même pour les traités internationaux, les pressions de la démocratie et des droits humains au plan international.
L'Islam et les droits des femmes ne s’excluent pas mutuellement, malgré le fait que les lois musulmanes comporte un fossé entre leur application et ce qu’elles stipulent sur le papier. L’introduction de la coutume dans le système juridique et le droit à la liberté de conscience (interprétation) sont entre autres deux exemples à travers lesquels les lois musulmanes ou la Sharia ont été résumées.
Par ailleurs, il est difficile d'interpréter ou d’évaluer de manière critique le droit islamique sans une éducation islamique. Cette éducation islamique, a été d’ailleurs refusée à beaucoup de musulmans à travers le monde (à cause du colonialisme et du contrôle du pouvoir, entre d'autres). Pour cette raison, le Coran n’est généralement bien compris.
Au cœur de l’Islam se trouve l’histoire de la création, qui affirme que l’homme et la femme ont été créés égaux, et qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les deux sexes. Il faudrait tenir compte des femmes musulmanes en cas de divorce. Elles doivent recevoir leur part d’héritage après le décès de l’époux ou du père.
Dans le Coran, les femmes musulmanes ont le droit de travailler et de se garantir un revenu. Si les tâches ménagères et l’éducation des enfants sont, dans la plupart des cas, assignées en fonction du genre, les enfants doivent être éduqués par les deux parents qui se concertent sur les questions jugées importantes. Ce ne sont là que quelques exemples de droits reconnus à la femme par l’Islam, conformément au Coran, aux hadith et à la Sharia (lois islamiques).
Cela est évidemment un aperçu superficiel d’une question complexe et historique mais qui montre qu’il y a un côté de l’islam non souvent représenté dans les médias et les discours classiques. Ces lois, si elles sont enregistrées et consignées par écrit, ne sont pas toujours mises en application. En réalité, beaucoup de femmes musulmanes n’ont accès à aucun de ces droits.
Beaucoup de questions sont particulièrement importantes aux femmes musulmanes africaines et font partie de la perspective globale relative à la protection des droits humains essentiels.
Les femmes représentent la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne même dans les pays où l’Islam est pratiqué. Ce sont la Mauritanie (100% Islamique), les pays francophones :Burkina Faso (50%), Tchad (50%), Cameroun, Mali (90%), Niger (80%) et le Sénégal (92%) , et les pays anglophones Ghana et Nigeria ( 50% de musulmans). Dans ces États, l’Islam a une forte influence sur les rôles des femmes, leur accès à l’information et leurs droits. Pour les femmes musulmanes africaines, ces questions sont enracinées non seulement dans leurs croyances religieuses mais aussi dans les coutumes, traditions et cultures.
Dans certains milieux, le respect accordé aux femmes est défendu. Sous d’autres cieux, les femmes se battent pour accéder à ces droits. La raison est que dans l’Islam (comme dans beaucoup d’autres religions) les femmes symbolisent une grande partie de la tradition et de l’identité culturelle. Le fait de changer quelque chose par rapport aux droits de la femme est perçu comme un changement qu’on opère au sein de l’Islam.
Leurs protestations sont parfois interdites ou violemment réprimées mais rarement tolérées par ceux qui sont au pouvoir. Cependant, leur mouvement prend de l’ampleur : elles participent aux débats, aux conférences à des émissions à la radio et à la télévision. La plupart d’entre elles sont des intellectuelles (juristes, travailleurs sociaux et universitaires). Cette lutte contre les conservateurs religieux signifie que les critiques dont ils sont l’objet sont invoquées sur des bases théologiques et religieux, qu’elles soient valables ou non.
Cela signifie que le travail qu’ils doivent faire pour les femmes doit être axé sur les droits civiques plutôt que sur les droits religieux parce que les efforts faits pour reformer l’Islam de l’intérieur ont toujours connu un échec. On ne peut cependant pas écarter le discours islamique des femmes dans la mesure où ce discours commence à marquer des points. Il est pourtant bloqué au plus haut niveau parce les femmes juristes ne sont pas autorisées à représenter les femmes dans les juridictions de la Sharia (droit islamique)
Un bref aperçu des problèmes urgents auxquels sont confrontés les musulmanes en Afrique montre qu’il y a un manque de réforme dans les domaines traditionnellement régis par le droit coutumier et religieux. Les femmes font l’objet de discrimination dans le domaine des lois relatives au mariage, au divorce, à la propriété et à l’héritage (qui favorisent plutôt les hommes). Elles souffrent également des normes sociales qui tolèrent la violence faite aux femmes, de l’inaccessibilité de leurs droits à la santé reproductive et sexuelle et du manque d’éducation.
Dans certains de ces pays, les femmes continuent de subir les mutilations génitales féminines. Par ailleurs, leurs rôles restent confinés aux tâches traditionnellement prescrites en fonction du genre. La plupart d’entre elles ne peuvent se permettre de violer ces frontières même si elles nourrissent le désir de vivre en dehors de ces rôles qui leur ont été assignés. L’absence de liberté de mouvement, d’une vie publique et l’incapacité de s’exprimer en public constituent une réalité pour beaucoup d’entre elles.
La solution à ces problèmes complexes et vieux comme le monde ne sera pas aisée. Le comportement et les rôles assignés aux femmes constituent à maints égards l’essence même de ce que représente l’Islam. Changer la manière dont les femmes sont valorisées et traitées nécessite non seulement des changements aux niveaux politique, juridique, culturel mais aussi un changement d’attitude. Réaliser cet objectif sans porter atteinte à l’essence positive de la culture et de la tradition islamique serait certes difficile mais nécessaire à la protection des droits des femmes.
Heureusement, il y a beaucoup d’organisations en Afrique qui œuvrent pour la réalisation des droits des femmes musulmanes. Leur participation politique et communautaire constitue en fait une part importante de l’Islam, et un devoir envers la société.
Dans beaucoup de pays africains, il existe des groupes de femmes engagées qui travaillent pour des salaires dérisoires et dans des conditions parfois dangereuses pour promouvoir les droits des femmes musulmanes. Elles travaillent au renforcement des lois visant la protection des femmes dans le droit coutumier, juridique et religieux en faisant du lobbying au niveau local, régional et national. Les organisations communiquent leurs connaissances et sensibilisent les femmes vivant dans les milieux ruraux et urbains sur comment exercer et promouvoir leurs droits. Elles parlent aussi au nom de ces femmes dans les foras sociaux et législatifs.
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