Les héros d'Ebola
Ebola a coûté la vie à d'éminents médecins en Sierra Leone et au Liberia. Parmi ces héros se trouvent cinq des co-auteurs de l'étude intitulée "La surveillance génomique précise l'origine du virus Ebola et de la transmission pendant l'épidémie de 2014", qui, avec des chercheurs de l'Université de Harvard, ont analysé génétiquement 99 échantillons du virus, ce qui a permis d’identifier ses mutations.
Défiant la virulence et l'expansion rapide du virus Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest, les scientifiques, les infirmières et les médecins ont continué à travailler pour aider à combattre cette épidémie sans précédent qui s'étend en Guinée Conakry, au Liberia, au Nigeria et en Sierra Leone. Le prix a été également très élevé pour les travailleurs de la santé, vu le manque de matériel suffisant ou son usage inadéquat, le manque de personnel médical à la hauteur de l'épidémie et l'exposition prolongée aux patients ont eu un fort impact parmi eux, avec 240 infectés et 120 décès.
L'Organisation mondiale de la santé (Oms) a indiqué que les cas recensés Ebola ont déjà dépassé les 3 000 (Ndlr : plus due 4 000 aujourd’hui), dont plus de 1 500 personnes ont trouvé la mort, mais il elle estime que le nombre de personnes contaminées est de deux à quatre fois supérieur à celui des cas enregistrés. Ebola a coûté la vie à d'éminents médecins en Sierra Leone et au Liberia "privant ces pays non seulement de soins médicaux expérimentés et dévoués, mais aussi de héros nationaux", a déploré l'agence sanitaire des Nations Unies. Parmi ces héros se trouvent cinq des co-auteurs de l'étude intitulée "La surveillance génomique précise l'origine du virus Ebola et de la transmission pendant l'épidémie de 2014", qui, avec des chercheurs de l'Université de Harvard, ont analysé génétiquement 99 échantillons du virus, ce qui a permis d’identifier ses mutations.
Les cinq scientifiques étaient du personnel expérimenté de l’Hôpital public de Kenema en Sierra Leone, où le premier cas a été détecté dans ce pays et où la plupart des échantillons pour l'étude ont été recueillis.
Parmi eux, Sheik Humarr Khan, un virologue de renom qui a été directeur du programme national de lutte contre la fièvre de Lassa - un type de maladie hémorragique aiguë avec des symptômes semblables à ceux d’Ebola - du ministère de la Santé de Sierra Leone. Le souvenir de Khan, qui a également travaillé pour le Centre africain d'excellence en génomique des maladies infectieuses (Acegid) au Nigeria et a traité des dizaines de patients avant de contracter le virus, a été évoqué par de nombreux collègues.
Kenneth Onye, chef de projet à l’Acegid, a annoncé sur le site web du centre "avec une grande tristesse et un profond regret" la mort d'un "médecin exceptionnel, un homme humble et un ami fidèle". Pour sa part, la docteure Onikepe Folarin a dit que Khan, qui collaborait également avec l'Initiative africaine hérédité humaine et santé, a "fait preuve de courage" face à ce que d'autres de ses collègues ont fui.
Au nombre des disparus se trouve aussi Mbalu Fonnie, une infirmière qui avait traité la fièvre de Lassa pendant plus de 30 ans, spécialisée dans les cas de femmes enceintes, et qui a contracté la maladie en s'occupant de l'une de ses collègues qui attendait un enfant. Robert Garry, un autre co-auteur de l'étude et virologue à l'Université Tulane à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, Usa), a évoqué dans un entretien à « Science » certains de ses pairs comme "Tante Mbalu" qui était "une figure maternelle pour toute l'équipe".
Un autre infirmier avec plus de 10 ans d'expérience de ce type de patients, Alex Moigboi – que Garry a décrit comme une personne "toujours souriante", avec un grand sens de l'humour et qui aimait animer tout le monde – a lui aussi été contaminé en soignant la même infirmière.
L’infirmière Alice Kovoma a connu le même sort : "une personne merveilleuse, très professionnelle et très dévouée à ses patients et collègues", selon Garry.
Mohamed Fullah, un technicien de laboratoire qui a contribué à l'étude et qui a perdu plusieurs membres de sa famille en raison de l'Ebola et dont on pense qu’il été infecté par l'un d'eux, est aussi disparu.
Parmi les morts se trouvait aussi Sidiki Saffa, un technicien de laboratoire qui a recueilli des échantillons de sang et les a traités, qui est décédé d'un accident vasculaire cérébral sans rapport avec le virus Ebola.
"C'est une bataille extraordinaire qui nous attend encore et nous avons déjà perdu plusieurs amis et collègues, comme notre bon ami et collègue, le Dr Humarr Khan, co-auteur principal", a déploré la docteure Pardis Sabeti de l'Université de Harvard, elle aussi membre de l’équipe de recherche.
Les auteurs ont décidé de partager les données de l'étude parce que "nous sommes tous ensemble dans ce combat " et qu’ils estiment que "la transparence et la collaboration sont un moyen par lequel nous espérons honorer l'héritage de Humarr" et du reste de l'équipe. Mais pour beaucoup, leur mort ne marque pas un point final : "Leur travail jettera les bases pour le traitement du virus Ebola. Leur travail est immortel ", dit l'un des messages de condoléances affichés sur Internet.
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** Source: http://america.efefuturo.com/noticia/los-heroes-del-ebola/ - Traduit par Fausto Giudice
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