Il faut accompagner l’Afrique dans sa quête de liberté
Avec une population de plus d’un milliard d’habitants, l’Afrique représente 16,14 % de la population mondiale. Et c’est le continent qui connaîtra, au cours du XXIe siècle, la progression démographique la plus importante. C’est un continent riche de potentialités et d’atouts extraordinaires. C’est aussi un continent qui rencontre d’énormes difficultés dues à son sous-développement et à des contraintes climatiques et environnementales particulièrement hostiles dans certaines régions. L’Afrique est donc un continent qui compte.
L’Afrique est un continent que nous devons accompagner. Ce devoir est d’autant plus vrai pour notre pays que la France a été très présente dans le passé en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Ce devoir est d’autant plus vrai pour l’Europe que les pays européens ont été très présents sur la totalité du continent africain. L’Afrique ne peut donc pas nous laisser indifférents ! Nous ne pouvons pas laisser l’Afrique seule face à son destin ! Les Chinois montrent d’ailleurs aujourd’hui le chemin, puisqu’ils accompagnent le développement économique de l’Afrique sans oublier l’intérêt de son sous-sol et de ses terres.
L’actualité de ces dernières semaines, en Afrique du Nord, révèle aussi des événements d’une ampleur exceptionnelle. Leur importance et leur soudaineté ont pris de court la communauté internationale. Tous les pays connaissaient les régimes dictatoriaux, mais la realpolitik avait pris le dessus et tous les pays parlaient et négociaient avec ces régimes. Aujourd’hui, nous assistons à une véritable révolution, une révolution menée par le peuple, particulièrement par des jeunes et les classes moyennes qui, avec un courage extraordinaire, ont pris leur destin en main, parfois même face, comme en Libye, aux armes lourdes de l’aviation et des blindés. Ces événements ne doivent pas nous inquiéter et ne doivent pas inquiéter nos populations, mais doivent, au contraire, nous permettre d’espérer.
En effet, c’est un vent d’espoir extraordinaire qui souffle sur ces pays du Maghreb, sur ces pays arabes. Ces pays ont une histoire. Ils ont développé une civilisation et seront des acteurs de demain utiles à la communauté internationale grâce à la fierté retrouvée – la fierté des résistants qui luttent au péril de leur vie –, grâce aussi à la démocratie qui, si elle l’emporte, sera synonyme de développement économique harmonieux.
Cette formidable espérance soulevée par l’immense bouleversement qui s’opère dans les pays de la rive sud de la Méditerranée doit donc être soutenue et accompagnée par nos démocraties. Le combat pour les droits de l’homme et pour la liberté est un merveilleux combat qui sert les pays qui l’engagent et qui le mènent, mais qui sert aussi la France et l’Europe qui ne doivent pas voir en ces pays que les risques liés à une émigration non contrôlée ou les risques liés au terrorisme qui se nourrit du sous-développement, de la misère, de l’extrémisme et de l’intégrisme.
En effet, si ces pays, qui écrivent actuellement une grande page de leur histoire, parviennent à se développer et à s’affirmer, ils seront prochainement des partenaires de la France. Nous cesserons alors de les voir comme des dangers ou des menaces en matière de terrorisme ou d’immigration : le soutien et l’accompagnement de la démocratie ne représentent-ils pas les meilleurs moyens pour lutter contre les risques de flux migratoires incontrôlés et contre les effets du terrorisme islamiste ? Oui nous devons accompagner l’Afrique du Nord dans sa quête pour la liberté !
Afin d’accompagner le continent africain, la France dispose d’un ensemble de moyens : l’aide publique au développement économique par la présence de ses entreprises ; l’aide publique au développement culturel et linguistique grâce à la francophonie et à nos établissements d’enseignement à l’étranger. La France a aussi des moyens humains grâce à son réseau diplomatique et à son réseau d’expatriés. Ces formidables leviers, permettront des actions, véritables investissements, afin d’aider les pays d’Afrique à se développer, et favoriseront un meilleur rayonnement de la France, laquelle sera alors suffisamment attractive pour accueillir des élites intellectuelles qui doivent trouver dans nos universités des lieux de formation et d’épanouissement.
(…) L’Afrique est synonyme d’espoir. Cet espoir se fonde sur l’optimisme que nous devons avoir quant à l’issue des révolutions actuellement menées par des populations qui nous seront reconnaissantes de les avoir accompagnées, de leur avoir permis d’accéder à une véritable démocratie, garante d’un développement harmonieux et équilibré. Cet espoir se fonde sur l’optimisme que nous devons avoir quant à la capacité de développement du continent africain. Ce développement, seul garant du bonheur des Africains et aussi des Européens !
* Robert Lecou est député français de l’Union pour la majorité présidentielle
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